Selon Dr Mamadou Diouf, les manifestations contre le report de l'élection présidentielle du 25 février prochain qui ont déjà fait 3 morts, dénombrés à Dakar, Saint-Louis et Ziguinchor, et plusieurs blessés mais aussi des dizaines d'arrestations depuis le vendredi 9 février dernier marquent un début de révolution au Sénégal pour la fin d'un système et l'avènement d'un nouveau. Invité de l'émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 11 février, le professeur d'histoire à Columbia University (New York aux États-Unis) a salué la tribune « Restaurer La République ! » signée par 116 universitaires et la Contribution sur « la justiciabilité incontestable de la loi constitutionnelle n° 04/2024 devant le Conseil constitutionnel » publiée le 10 février dernier par d'éminents spécialistes du droit constitutionnel dont le doyen Serigne Diop.
Les manifestations contre le report de l'élection présidentielle du 25 février prochain réprimées dans le sang et qui ont déjà fait 3 morts, dénombrés à Dakar, Saint-Louis et Ziguinchor et plusieurs blessés mais aussi des dizaines d'arrestations depuis le vendredi 9 février dernier marquent un début de révolution au Sénégal pour la défense de la Constitution. L'avis est du professeur Mamadou Diouf. Invité de l'émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 11 février, l'historien sénégalais à l'université Columbia (New York aux États-Unis) précise au sujet de la situation de tension que traverse actuellement le pays qu'elle n'a rien à voir avec une malédiction. En effet, souligne-t-il, « si on est arrivé à cette tension, c'est tout simplement à cause des actes posés par le président Macky Sall qui amènent les Sénégalais à se mobiliser ».
« Ce qui est en train de se passer, je dirais pour reprendre la formule de mon collègue Abdoulaye Bathily, je pense que c'est une marche assurée, une marche déterminée vers la fin d'un système et l'avènement d'un nouveau (système) qui est une alternative au système que les alternances (de 2000 et 2012) n'ont pas pu transformer. C'est effectivement une révolution », a notamment fait remarquer le professeur Mamadou Diouf avant d'insister toujours au sujet de la tension actuelle du pays qu'elle « commence à changer une société dont la culture politique était centrée sur les acteurs, à une culture politique tout en gardant en fait cet intérêt pour les acteurs, se recentre sur les textes et les principes sur l'éthique et le bien commun ».
« Ces Grands collègues ont redonné à l'Université une dignité qui, dans une certaine mesure, avait été perdue ».
Par ailleurs, interpellé sur la tribune : « Restaurer La République ! » des 116 universitaires publié le 6 février dernier et la contribution sur « La justiciabilité incontestable de la loi constitutionnelle n° 04/2024 devant le Conseil constitutionnel » publiée le 10 février dernier par d'éminents spécialistes du droit constitutionnel dont Serigne Diop, Professeur titulaire de classe exceptionnelle, Agrégé de droit public et de science politique, Ancien ministre de la justice, Ancien Médiateur de la République, Ancien Chef de Département de Droit public de l'UCAD, Mamadou Diouf a salué cette intervention en disant que ces collègues ont « redonné à l'Université une dignité qui, dans une certaine mesure, avait été perdue ».
En effet, selon lui, « cette intervention de juristes comme l'intervention des universitaires pour la défense de la démocratie et des textes est un moment aussi important d'une part d'un point de vue purement académique et d'autre part d'un point de vue purement légal et de recherche ». Poursuivant son propos, l'historien sénégalais à l'université Columbia (New York aux États-Unis) de déclarer : « Ces grands collègues, je pense, sont en train de montrer que l'honnêteté intellectuelle est plus importante que le jeu de placement où on utilise des ressources mal assimilées pour avoir des places ». « Je pense qu'ils sont en train de redonner à l'Université une dignité qui, dans une certaine mesure, avait été perdue parce qu'il y'a tellement de collègues qui jouent avec un savoir qui l'ont ou qui l'ont pas pour des raisons purement égoïstes », insiste encore le professeur Mamadou Diouf.
La « dérive autoritaire de Macky Sall était prévisible »
Par ailleurs, se prononçant sur la répression dans le sang des manifestations contre le report de l'élection présidentielle du 25 février prochain qui ont déjà fait 3 morts dénombrés à Dakar, Saint-Louis et Ziguinchor et plusieurs blessés mais aussi des dizaines d'arrestations depuis le vendredi 9 février dernier, Mamadou Diop a commencé par déplorer cette tension actuelle. Soulignant qu'« Il n'y a jamais eu autant de morts dans des circonstances des manifestations sous le régime du président Macky Sall depuis 2021 », l'historien de Columbia University (New York aux États-Unis) a toutefois tenu à faire remarquer que cette « dérive autoritaire de Macky Sall était prévisible ».
Et pour cause, se justifie-t-il, « depuis sa réélection en 2019, le président Macky Sall a investi plus non seulement dans le recrutement et la formation des Gendarmes mais aussi dans l'achat d'équipements au service de la répression ». Loin de s'en tenir-là, le professeur Mamadou Diop, toujours pour montrer que cette situation de tension est loin d'être le fruit d'un hasard, déclare que « Toutes les décisions qu'il (Macky Sall) a prises de 2019 à aujourd'hui, sont des décisions qui contribuent à démontrer de manière systématique qu'il voulait un troisième mandat ». Mieux, ajoute encore l'enseignant chercheur, spécialiste de l'histoire coloniale et de la religion au Sénégal, « depuis au moins cinq à six ans, il est dans une démarche qui indique de manière très précise qu'il ne va pas reculer devant la violence et l'utilisation de la force face à des citoyens qui ne font qu'exercer leur liberté la plus simple : la liberté d'expression et de manifestation ».