Moribonde au premier tour, la Côte d'Ivoire est allée jusqu'au bout de sa trajectoire incroyable pour remporter sa troisième Coupe d'Afrique des nations (CAN) en dominant le Nigeria (2-1) en finale, dans un stade d'Abidjan en transe, dimanche.
Cette fois ce n'est pas un miracle. Les Éléphants ont mérité leur victoire, grâce à des buts de Franck Kessié (62e min) et Sébastien Haller (81e), d'une tête pachydermique pour le premier, en coupant tout en subtilité la trajectoire du ballon au premier poteau pour le second. Les deux centres sont venus de Simon Adingra.
Il restait bien dans cette équipe quelque chose des "ressuscités" : cette façon de résister aux vents contraires, puisque le Nigeria avait ouvert le score contre le cours du jeu d'un coup de tête du capitaine William Troost-Ekong (32e min), sur une des rares incursions en première période des Super Eagles dans le camp adverse.
Quasi-éliminés après la gifle contre la Guinée équatoriale (4-0), derniers repêchés du premier tour, passés aux tirs au but contre le Sénégal (1-1, 5 t.a.b. à 4) puis à dix contre onze contre le Mali (2-1 a.p.), avec à chaque fois des buts dans les derniers instants, les Ivoiriens n'avaient enfin été maîtres de leur sujet qu'en demie finale, contre la République démocratique du Congo (1-0).
En finale, ils ont toujours cherché à jouer et ne se sont jamais découragés. Max-Alain Gradel a vu Calvin Bassey à genoux dévier sa frappe dangereuse (50e min) puis Odilon Kossounou a contraint Stanley Nwabali à une manchette (62e).
Emerse Faé couronné en quatre matches
C'est de ce corner qu'est venu le centre de Simon Adingra pour l'égalisation. Et là, le match a changé de physionomie. Le Nigeria n'arrivait même plus à contrer. La Côte d'Ivoire a dominé plus encore, et Haller a cru marquer sur un retourné (74e min).
Cette persévérance dans le jeu est la victoire d'Emerse Faé. L'entraîneur de 40 ans réussit une entée de mammouth dans la carrière de sélectionneur, champion d'Afrique au bout de quatre matches comme numéro un, après avoir remplacé Jean-Louis Gasset au lendemain de ce premier tour désastreux.
Ses choix ont payé, il a relancé les anciens Jean-Michaël Séri, Max-Alain Gradel et Serge Aurier. Les deux derniers remportent leur deuxième CAN personnelle après celle de 2015.
Cette victoire mémorable, les Eléphants l'ont forgée au long d'une trajectoire qui restera dans l'histoire du football, puisque, de mémoire de journaliste, aucune équipe n'a jamais remporté un tournoi majeur en ayant changé de sélectionneur en cours de route.
De même, la Côte d'Ivoire est le premier pays-hôte à s'imposer depuis l'Egypte en 2006, contre... la Côte d'Ivoire (0-0, 4 t.a.b. à 2).
Et la Côte d'Ivoire a enfin marqué pour la première fois en cinq finales de CAN. Elle avait terminé les quatre premières sur des 0-0, en gagnant deux (1992 et 2015) et en perdant autant (2006, 2012) aux tirs au but.
Enfin, cette finale aura été le point final d'une compétition magnifiquement organisée par la Côte d'Ivoire et la Confédération africaine de football. En effet, souvent critiqués, l'arbitrage, le recours à la VAR, la qualité des terrains, par conséquent la qualité de jeu, le suspense, l'affluence et l'ambiance, tout, vraiment tout, a contribué à ce superbe succès.
Bravo la Côte d'Ivoire et vivement la 35e édition, dans dix-huit mois, au Maroc.
