Dakar — Les anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade invitent l'ensemble de la classe politique ainsi que la société civile à participer au dialogue national lancé par le chef de l'Etat, Macky Sall pour "des discussions franches et loyales" afin que "la prochaine élection présidentielle du 15 décembre 2024 soit tenue dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables".
"Nous appelons l'ensemble des dirigeants politiques, du pouvoir et de l'opposition, ainsi que les responsables de la société civile, à participer à des discussions franches et loyales, afin que la prochaine élection présidentielle du 15 décembre 2024 soit tenue dans des conditions parfaitement transparentes, inclusives et incontestables. Ils ont le devoir de garantir que notre Sénégal restera un modèle de démocratie pour l'Afrique", déclarent Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.
Dans une déclaration conjointe rendue publique, lundi, adressée à leurs "compatriotes", les deux anciens dirigeants soulignent que "c'est avec beaucoup de tristesse" qu'ils vivent " les récents événements qui secouent notre cher Sénégal" marqués par la mort de trois jeunes à Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor.
Abdou Diouf et Abdoulaye Wade présentent leurs "plus sincères condoléances" aux familles et proches des victimes.
Ils déclarent s'adresser à leurs compatriotes "en tant qu'anciens Présidents de la République du Sénégal, pères, avec Léopold Sédar Senghor, de la démocratie sénégalaise obtenue de haute lutte, mais aussi anciens irréductibles adversaires politiques qui nous sommes vigoureusement opposés par le passé"
"Nous avons su discuter et dialoguer dans l'intérêt du Sénégal pour mettre un terme à nos différends et aux crises politiques, et cela dans le seul but de préserver la paix et les vies", soulignent-ils.
Ils estiment que les responsables de la classe politique actuels n'ont pas "le droit de faire moins" qu'eux.
Diouf et Wade appellent à la jeunesse dont ils disent comprendre "les frustrations et le désarroi, à arrêter immédiatement les violences et la destruction de biens, et surtout à prendre du recul pour ne pas être manipulée par des forces extérieures aux desseins obscurs".
Ils disent également s'être entretenus "longuement au téléphone avec le Président de la République, Macky Sall" qui leur a réaffirmé "son engagement, pris devant la Nation le 3 juillet dernier, de ne pas briguer un troisième mandat et de quitter le pouvoir aussitôt après l'élection présidentielle".
"Il a pris l'engagement de ne ménager aucun effort pour préserver la stabilité du Sénégal, nous lui avons demandé d'organiser dans les plus brefs délais le dialogue national qu'il a annoncé et qui, comme nous le souhaitons ardemment, devra déboucher sur une large réconciliation nationale dans le respect de la Constitution et de l'Etat de droit", ont-ils assuré.
Le Sénégal est en proie à une crise politique après que le président Macky Sall a annulé le décret avec lequel il avait convoqué les Sénégalais aux urnes le 25 février prochain pour l'élection d'un nouveau président de la République.
En prenant cette décision, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l'examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d'entre eux.
L'Assemblée nationale a voté une proposition parlementaire reportant l'élection présidentielle au 15 décembre prochain. Lors du vote, des députés protestant contre cette proposition et le report du scrutin ont été expulsés de l'hémicycle par la Gendarmerie nationale.
Des candidats au scrutin présidentiel et des députés ont saisi le Conseil constitutionnel en vue de l'annulation de la décision du président de la République et l'organisation du vote à la date initialement prévue.