Afrique de l'Est: Crise en RDC - Des rassemblements pour dénoncer «l'indifférence» de la communauté internationale

En République démocratique du Congo (RDC), de nouvelles manifestations ont eu lieu, ce lundi 12 février, à Kinshasa contre les représentations diplomatiques occidentales et la Monusco. Les protestataires expriment leur frustration face à ce qu'ils perçoivent comme une indifférence internationale envers l'est de la RDC où armée et M23 se battent. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour stopper et disperser ces manifestants.

Ils étaient plusieurs dizaines de manifestants à se rassembler devant le siège de la Monusco. Certains sont arrivés à moto, d'autres à pied, brandissant le drapeau congolais. Ils n'ont cependant pas pu accéder aux installations de la mission onusienne en raison du déploiement de la police. Pour exprimer leur mécontentement, ils ont réuni des pneus, les ont enflammés et les ont disposés en cercle, chantant en face des policiers.

Bruno est furieux : « Que la Monusco s'en aille, nous n'avons pas besoin d'elle. Nous n'avons pas non plus besoin des Français, des Britanniques ou des Américains. La guerre persiste dans l'est de notre pays. Pourtant, ils sont venus ici pour nous soutenir. Depuis le début de cette guerre, nous n'avons rien vu de leur implication. Nous voulons qu'ils partent. »

Pendant ce temps, un autre groupe se dirige vers l'ambassade de France. Timothée est lui aussi en colère : « Pour nous, le peuple congolais, c'est une journée de deuil. C'est un soulèvement populaire contre toutes les multinationales. Nous avons compris que la guerre n'est pas contre le Rwanda, mais contre ces Occidentaux qui nous combattent pour voler nos richesses. Nous avons compris cela. C'est la raison de ce soulèvement populaire. »

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La situation devient tendue. La police tente d'éviter tout débordement et lance des gaz lacrymogènes pour rétablir l'ordre.

Tension et critiques

La tension était déjà palpable la semaine dernière, avec la multiplication des appels à manifester. Même certains pasteurs évangéliques populaires ont publiquement incité la population à se rassembler devant les ambassades occidentales, allant jusqu'à demander leur expulsion du pays.

Ces messages ont largement circulé sur les réseaux sociaux et la police affirme avoir découvert des tracts anonymes à certains endroits de la ville.

Les rassemblements ont pris une tournure plus agressive, samedi 10 février, avec des actes de vandalisme contre des véhicules appartenant à certaines ambassades.

Dans l'opposition, des voix s'élèvent pour critiquer l'efficacité de ces actions. Quelques opposants pointent du doigt les responsabilités régaliennes des autorités congolaises. De leur côté, certains diplomates occidentaux expriment leur perplexité quant à la logique de ces manifestations, alors que les condamnations contre le M23 et ses soutiens dans la région des Grands Lacs se multiplient.

Dimanche, Christophe Lutundula, vice-Premier ministre chargé des Affaires étrangères, a convoqué une réunion urgente avec la cheffe de la Monusco et les ambassadeurs des États-Unis, de l'Union européenne et du Royaume-Uni pour exprimer les regrets de son gouvernement, suite à ces violences et leur garantir sécurité et protection.

Dans cette même réunion, le chef de la diplomatie congolaise a souligné la nécessité pour tous « de procéder à un diagnostic sincère, afin de guérir le mal venu de l'extérieur du territoire congolais. »

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