Madagascar: Procès Romy Andrianarisoa - La Cour exclut toute implication du président Andry Rajoelina

L'acte d'accusation ne plaide pas en faveur de l'ex-Directrice de Cabinet du président de la République au Tribunal de la Couronne britannique chargé des affaires pénales, au 1, English Grounds, sur la rive Sud de la Tamise. Entre London Bridge et Tower Bridge à Londres.

« Guilty or not guilty »

L'accusation demande au jury de la Cour de la Couronne de Southwark à Londres de déclarer Romy Andrianarisoa « coupable ou non coupable », en rappelant qu'elle est poursuivie pour « single offence bribery » ou délit de corruption en août 2023, en se servant de son poste influent de « Chief of staff » du président de Madagascar. Et ce, pour solliciter un pot-de-vin auprès de GEMFIELDS, en échange de l'obtention de permis miniers pour la compagnie britannique.

National Crime Agency

Selon l'accusation, « elle n'avait pas agi seule mais de concert avec Philippe Tabuteau ». Alerté par le « Chief Executive Officer » (CEO) de GEMFIELDS, la « National Crime Agency » (NCA) devait prendre en main l'affaire. Au propre comme au figuré. Un officier du NCA - l'équivalent du FBI au Royaume Uni - s'était fait passer pour un consultant de la compagnie minière dans le but de prendre les deux complices sur le fait.

Conversations enregistrées

Après toute une série de rendez-vous, d'échanges de mails et de conversations sur WhatsApp entre les deux parties, un premier paiement était prévu le 10 août 2023 mais des agents du NCA ont fait irruption dans la salle de réunion pour arrêter Philippe Tabuteau et Romy Andrianarisoa dont les conversations ont été enregistrées à leur insu par l'agent sous couvert de la NCA. Il était, par exemple, question de paiement en francs suisses et/ou en pierres précieuses voire en or à Genève, à travers une société écran basée en Suisse.

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« Very clear »

Dans l'« indictment » ou acte d'accusation, la Cour royale exclut toute implication et responsabilité du président qui n'était pas du tout au courant de l'initiative de l'accusée. « Romy Andrianarisoa was very clear, she told that the President did not know ». En fait, les deux complices s'étaient servis du nom du président Andry Rajoelina pour tenter d'arriver à leurs fins. Ils prétendaient pouvoir arranger une rencontre entre les dirigeants de GEMFIELDS et le chef de l'Etat. Et d'assurer même qu'en cas de changement de président au lendemain des élections, il et elle garantissent la continuité des activités de GEMFIELDS en faveur de qui ils vont faire du lobbying auprès du Parlement.

No comment

Lors de sa première audition, Romy Andrianarisoa n'a fait aucun commentaire sur les questions qui lui ont été posées, en présence d'un avocat. « No comment », est-il transcrit dans le dossier d'audience. L'accusée avait juste dit qu'elle était la Directrice de Cabinet du président de Madagascar et qu'elle était au courant du projet de GEMFIELDS d'opérer dans la Grande Ile.

Au bout d'une trentaine de minutes d'interrogatoire, elle a demandé un « break ». Après s'être murée dans le silence, elle avait finalement décidé de parler : « Je réfute toute tentative de corruption ou toute implication dans du blanchiment d'argent. Je suis venu au Royaume Uni pour rechercher un contrat avec une compagnie minière soucieuse de l'éthique et Gemfields semblait faire l'affaire (...) ».Mais les deux parties n'ont visiblement pas la même compréhension du mot ...affaire.

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