Dakar — Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a invité, mardi, les autorités sénégalaises à oeuvrer en faveur d'un dialogue garantissant une véritable participation des opposants, des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés.
"Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme appelle le gouvernement sénégalais à veiller à ce que le dialogue national proposé soit aussi large que possible et garantisse une véritable participation des groupes d'opposition, des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés", a notamment déclaré le chef du Bureau des droits de l'homme dans des propos rapportés par un communiqué.
Compte tenu des défis et des préoccupations liées aux circonstances entourant le report des élections, "nous demandons aux autorités sénégalaises de veiller à respecter la longue tradition de démocratie et de respect des droits humains du Sénégal", a expliqué un de ses porte-parole lors d'une conférence de presse.
Liz Throssell a ainsi fait savoir que les services régionaux du Haut-Commissariat étaient en contact avec les autorités, mais n'a pas donné davantage d'informations sur ces discussions.
Elle n'a pas manqué de lancer un appel pour le respect des droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique.
Mardi, les autorités sénégalaises ont interdit une marche silencieuse qu'une plateforme regroupant des organisations de la société civile prévoyait d'organiser à Dakar pour rendre hommage aux trois manifestants ayant perdu la vie lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Citant des rapports d'ONG sur la situation, Mme Throssell a évoqué "un recours inutile et disproportionné de la force contre les manifestants et de restrictions de l'espace civique".
Le Sénégal est en proie à une crise politique née de l'annonce par le président Macky Sall de l'abrogation d'un décret qu'il avait signé pour convoquer les électeurs.
Cette décision annoncée lors d'une brève adresse à Nation à la veille de l'ouverture officielle de la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 25 février a été suivie deux jours plus tard par le vote d'une proposition de loi portant sur le report au 15 décembre prochain du scrutin.
Cela a engendré une vague de réactions de désapprobation de la quasi-totalité des candidats au scrutin et des organisations de la société civile.
Vendredi des heurts ont opposé à Dakar et dans diverses localités du pays des manifestants aux forces de l'ordre. Occasionnant depuis trois décès enregistrés à Colobane, Saint-Louis et Ziguinchor.