Afrique: Faits et chiffres de la CAN Côte d'Ivoire 2023

13 Février 2024

La Can 2023 qui s'est déroulée en Côte d'Ivoire pour la deuxième fois de l'histoire après celle de 1984, s'est achevée avec le sacre des «Éléphants». Entre les surprises de la phase de groupe et les retournements de situation des matches à élimination directe, les férus du ballon rond ont vibré au rythme des 52 rencontres de la phase finale et ont vécu toutes les émotions.

À l'issue des 52 matches disputés du 13 janvier au 11 février, 118 buts ont été inscrits, soit un ratio de 2,26 buts par match. C'est le plus grand total de l'histoire de la Can. Emile Nsue, le capitaine de la Guinée Équatoriale, a terminé à la tête des buteurs du tournoi avec 5 réalisations.

La Côte d'Ivoire est devenue la première nation à remporter le trophée après avoir perdu deux matches en phase de groupe et terminé dernier meilleur troisième. C'est le troisième titre des «Éléphants» dans la compétition, après 1992 au Sénégal et 2015 en Guinée Équatoriale.

Vainqueur de la Can, la Côte d'Ivoire a marqué pour la première fois en cinq finales disputées. Elle avait terminé les quatre premières sur des 0-0, en gagnant deux (1992 et 2015) et en perdant autant (2006, 2012) aux tirs au but. Les deux buts des «Éléphants» portent les signatures de Franck Kessié et Sébastien Haller.

Serge Aurier (31 ans) et Max-Alain Gradel (36 ans) sont un peu plus entrés dans l'histoire du football ivoirien. Le latéral droit et l'ailier des «Éléphants» sont devenus les deux premiers Ivoiriens à remporter deux éditions de la Can, après celle glanée en 2015.

Max-Alain Gradel est devenu, à 36 ans et 73 jours, le joueur de champ le plus âgé à disputer une finale de Coupe d'Afrique et le deuxième, tous postes confondus, derrière le gardien de l'Égypte, Essam el-Hadary (37 ans en 2010 et 44 ans en 2017).

Désigné «Homme du match» de la finale, l'Ivoirien Simon Adingra est le premier joueur à délivrer deux passes décisives en finale de Coupe d'Afrique des Nations (Can) au 21esiècle.

Le Nigeria a échoué pour la cinquième fois en finale dimanche, contre la Côte d'Ivoire (2-1). Les «Super Eagles» avaient déjà perdu en 1984, 1988, 1990 et 2000. Avec cette nouvelle désillusion, ils égalent le Ghana au nombre de finales perdues.

Émerse Faé est le tout premier manager à remporter la Coupe d'Afrique des Nations sans avoir démarré le tournoi en tant qu'entraîneur principal de son équipe. Il a été nommé intérimaire après la démission de Jean-Louis Gasset suite à la déroute des «Éléphants» (0-4) contre la Guinée Équatoriale. Il est devenu champion d'Afrique au bout de quatre matches comme numéro un.

Élu meilleur joueur du tournoi, le Nigérian William Troost-Ekong est le premier défenseur/piston à marquer 3 buts lors d'une même édition de la Coupe d'Afrique des Nations.

Le capitaine nigérian (Troost-Ekong) et l'Ivoirien Sébastien Haller sont les premiers joueurs à marquer en demi-finale et finale d'une même édition de la Coupe d'Afrique des Nations, depuis Gedo avec l'Égypte en 2010.

Lors de cette Can, l'Afrique du Sud est l'équipe qui s'est le plus appuyée sur des joueurs locaux. Sur les 23 joueurs retenus par le sélectionneur Hugo Broos, 20 évoluent en Premier Soccer League. Percy Tau (Al Ahly, Égypte), Sphephelo Sithole (Tondela, Portugal) et Mihlali Mayambela (Aris Limassol, Chypre) sont les seules exceptions.

Le coup du marteau des outsiders

Côte d'Ivoire, Nigeria, Afrique du Sud, Rd Congo... Le dernier carré de la 34e édition de la Can 2023 a été inédit. Elle a été marquée par de nombreux coups de théâtre, des rebondissements incroyables, avec les outsiders qui ont eu leur heure de gloire. Avant le coup d'envoi de la grand-messe du football continental, il était difficile de prévoir un pareil scénario : un dernier carré sans le Sénégal, l'Égypte, le Burkina Faso, le Cameroun, le Maroc ou encore l'Algérie. Mais les outsiders ont asséné de véritables coups du marteau aux favoris.

Les «Lions» du Sénégal, tenants du titre, ont été prématurément sortis par la Côte d'Ivoire, en huitièmes de finale. Et ce ne fut pas la seule surprise. L'Égypte, septuple championne d'Afrique, et qui rêvait du grand huit, n'a pas gagné le moindre match dans ce tournoi et est rentrée bredouille. C'est une première. Si le Maroc, demi-finaliste du dernier Mondial au Qatar et grand favori pour le titre, et le Cameroun, quintuple vainqueur de l'épreuve, n'ont pas dépassé le stade des huitièmes de finale, le Ghana, quadruple champion, l'Algérie, sacrée en 2019, et la Tunisie se sont effondrés lors de la phase de groupe.

La révolte a été portée par des équipes comme le Cap-Vert, l'Angola, l'Afrique du Sud, le Mali, la Mauritanie... qui ont permis à cette édition d'offrir un top 8 très inédit. En effet, aucun des huit quarts de finalistes de la précédente Can, au Cameroun, n'a atteint ce stade cette année. La Rd Congo s'est hissée dans le dernier carré en ne gagnant qu'une seule rencontre (3-1 contre la Guinée) dans le temps réglementaire, tandis que l'Afrique du Sud, qui s'est emparé de la troisième place, a disputé trois séances de tirs au but.

Mais le plus gros coup de marteau a été réalisé par la Côte d'Ivoire qui a terminé son tournoi en apothéose. Les «Éléphants», qui ont presque frôlé l'élimination après leur humiliante défaite, lors de leur 3e match de groupe face aux Équato-Guinéens, ont su trouver les ressources nécessaires pour s'adjuger le Graal.

MEILLEUR ENTRAÎNEUR DE LA CAN 2023

Emerse Faé, le triomphe de la résilience

En menant la Côte d'Ivoire à son troisième sacre, dimanche, son premier à domicile, Emerse Faé est entré dans l'histoire. Il a été élu meilleur entraîneur de la Can 2023. Une distinction qui consacre le parcours exceptionnel d'un homme qui a su redonner un nouveau souffle à une équipe miraculée.

Il était considéré par beaucoup comme un entraîneur par défaut. Après avoir débuté sa Can comme adjoint, Emerse Faé a repris, suite à la démission de Jean-Louis Gasset, une équipe de Côte d'Ivoire malade et a réalisé le miracle en quatre matches seulement. Il a su insuffler à son équipe un mental fort et une culture de la gagne aux «Élephants» qui avaient frôlé l'élimination au premier tour. Sous la direction de Faé, ils ont réalisé une performance sans précédent, en éliminant le Sénégal, le Mali, la Rd Congo. Son leadership a permis à son équipe de surmonter les rigueurs du tournoi et de remporter la finale face au Nigeria, après avoir été menée au score. Faé est, à la longue, devenu un expert dans l'art de renverser des situations compromises et de s'imposer face à des adversaires coriaces.

Il l'a encore prouvé hier, face aux «Super Eagles» qui l'avaient battu en phase de groupe. «Mentalement et physiquement, il a toujours fallu puiser dans nos réserves. Mais je suis soulagé, car, au moins, on sait qu'on n'a pas fait tous ces efforts pour rien et qu'on a respecté le football. Parce que sur la phase de poule, on était complètement à côté. Nous étions proches de l'élimination, proches de l'humiliation. Et quand on nous a donné une seconde chance, nous avons montré notre dignité, nous nous sommes battus et nous n'avons pas abandonné.

Je suis vraiment soulagé et heureux d'avoir fait tout ce chemin depuis les matchs de poule», a fait savoir Faé dont le rêve était de gagner le trophée comme entraîneur. Un rêve qui est devenu réalité à domicile, dimanche, face au Nigeria. «Je rêvais de gagner la coupe en tant que joueur, mais je ne l'ai pas fait. Maintenant, j'ai eu l'opportunité de le faire en tant qu'entraîneur. Je suis heureux que cela se soit produit dans ces circonstances particulières, car aujourd'hui (Ndlr : dimanche), c'est mon anniversaire. Par la grâce de Dieu, nous avons eu une seconde chance, nous l'avons saisie à fond, nous n'avons pas lâché pour aller chercher la coupe», a-t-il déclaré, tout ému.

Faé rejoint ainsi dans le panthéon du football ivoirien Yéo Martial, le technicien qui avait conduit la Côte d'Ivoire à son premier sacre en 1992, au Sénégal. Et cerise sur le gâteau, il est désigné meilleur entraîneur du tournoi. À juste raison, parce qu'il a permis au pays hôte de rester maître chez lui ; une performance qu'aucune équipe n'a réussie depuis 2006. Il est aussi devenu le tout premier entraîneur à être sacré après avoir perdu deux matches en phase de groupe dont l'un par quatre buts d'écart. Un rêve éveillé qu'est en train de vivre l'ancien milieu de terrain ivoirien, qui n'y aurait certainement jamais cru, au coup d'envoi de cette Can.

SACRÉS DIMANCHE

Les «Éléphants» reçus aujourd'hui par le président Ouattara

Après un mois de surprises, de rebondissements et d'angoisses, la 34e édition de la Can a baissé ses rideaux, dimanche dernier, avec le triomphe de la Côte d'Ivoire. C'est le troisième sacre des «Éléphants» après ceux de 1992 et 2015. Un sacre qui a été célébré dans l'émotion et la communion par le peuple ivoirien. Cris hystériques, concerts de vuvuzelas et de klaxons des supporters et automobilistes arborant les drapeaux du pays ont rythmé la nuit de dimanche à lundi. Après avoir rendu fière toute une nation, les «Éléphants» seront reçus aujourd'hui, mardi 13 février, par le Président de la République Alassane Ouattara, au Palais présidentiel. Les nouveaux champions d'Afrique seront reçus en audience par leur premier supporter qui leur rendra un hommage mérité au nom de la Nation et les récompensera à la hauteur de l'exploit réalisé.

Hier, lendemain de sacre qui a permis de savourer cette grosse victoire, le capitaine Serge Aurier et ses partenaires ont paradé dans les différentes artères de la ville d'Abidjan et ont été acclamés par les populations surexcitées. La forte chaleur n'a pas refréné l'ardeur des supporters qui ont partout, porté en triomphe leurs champions. Après une parade de plusieurs heures, leur caravane a eu comme point de chute, le stade Félix Houphouët-Boigny où ils ont présenté le trophée continental à leurs compatriotes qui se sont déplacés en masse pour les acclamer.

SACRE DE LA CÔTE D'IVOIRE

Le Sénégal peut bien nourrir de regrets

La Côte d'Ivoire a remporté, dimanche, sa Can, en dominant le Nigeria au terme d'un match renversant. Pour réussir cet exploit, les «Éléphants» ont écarté le tenant du titre, le Sénégal, en huitième de finale, à l'issue de la séance des tirs au but. Une victoire sur les «Lions» du Sénégal qui a provoqué le déclic, selon l'entraîneur Emerse Faé.

La 34e édition de la Can a vécu, dimanche dernier, avec la grande finale remportée par les «Éléphants» qui clôturent leur campagne complètement folle, par un triomphe qui restera longtemps encore, dans les mémoires. Au coup d'envoi de cette levée, personne n'aurait parié sur une telle issue. Mais le pays hôte, porté par les dieux du football, a su déjouer tous les pronostics pour s'emparer, au nez et à la barbe de tous les favoris, le Graal. Après sa nette victoire sur la Guinée (2-0), Aliou Cissé croyait que rester à Yamoussoukro serait la meilleure option pour bien préparer la deuxième phase du tournoi ; une nouvelle compétition, comme il l'avait si bien rappelé. Mais il était loin de s'imaginer qu'il tomberait sur la Côte d'Ivoire, en pleine résurrection.

Face à une équipe ivoirienne miraculée, les tenants du titre, fort de leurs trois victoires et de leurs 8 buts inscrits (un record !), partaient avec la faveur des pronostics. Du moins sur le papier. Et lors de leur duel avec les «Éléphants», le 29 janvier, à Yakro, les «Lions» avaient même réussi le plus difficile, en ouvrant le score dès la quatrième minute. Contre toute attente, Sadio Mané et ses partenaires qui avaient des arguments pour passer, ont courbé l'échine face à des «Eléphants» tétanisés par la peur de subir une nouvelle humiliation après la déroute (0-4) contre le «Nzalang national». Ils ont perdu leur football qui avait mis tout le monde d'accord dans leur capacité de rééditer l'exploit du 6 février 2022, au Cameroun. L'équipe de Cissé a perdu le fil conducteur du match dès le premier but, avec beaucoup de déchets sur le plan technique. Koulibaly et ses coéquipiers se sont trop projetés et ont perdu des ballons, vendangeant presque toutes leurs occasions. Ils ont finalement été rejoints au score, avant de se faire finalement éliminer aux tirs au but.

Une élimination inattendue, alors que cette équipe avait montré de très bonnes dispositions lors de la phase de groupes. Le Sénégal éliminé, la Côte d'Ivoire s'était ouvert un grand boulevard. Emerse Faé a réussi à résoudre l'équation malienne, congolaise et enfin nigériane, pour entrer dans l'histoire. En regardant le parcours des «Éléphants» depuis les huitièmes de finale, Aliou Cissé pourra certainement nourrir bien de regrets. Ses joueurs aussi. Parce qu'il y avait de la place pour aller loin dans cette opération de conservation du titre. En effet, la formation ivoirienne n'est pas la meilleure du tournoi. Loin de là. Elle n'a dû son salut qu'à la détermination, à l'engagement et à la combativité de ses joueurs qui ont mouillé le maillot quand il le fallait, pour s'imposer. Que de regrets pour cette équipe du Sénégal qui regorge de talents qui auraient pu lui valoir d'autres sacres.

La page de la Can est désormais fermée. Le défi pour l'équipe sera de revenir encore plus forte, en 2025, au Maroc particulièrement, et retrouver cet entrain et cette combativité qui lui avaient permis de décrocher sa première étoile, au Cameroun.

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