Au Sénégal, les marches annoncées mardi 13 février, par un collectif citoyen contre le report de l'élection, ont finalement été repoussées. Vendredi et samedi dernier, trois personnes ont été tuées lors de manifestations, à Saint-Louis, Dakar, et à Ziguinchor. Dans cette ville du sud du pays, une veillée nocturne a été organisée mardi soir en hommage au jeune Landing Camara - dit Diedhiou -, 16 ans, décédé le 10 février lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Sous un acacia, dans le quartier dit « de Grand Dakar » où vivait Landing Camara, alias Diedhiou, une cinquantaine de personnes sont rassemblées avec des bougies. Amis, voisins et représentants de la mairie gérée par l'ex-Pastef de l'opposant Ousmane Sonko.
Atab Touré est venu en mémoire de son « frère spirituel », dit-il : « Oui, je le connais bien. On prie tous les jours ensemble dans la même mosquée. Vous voyez le quartier, il fait sombre et malgré tout, on a risqué pour venir ici, pour se soutenir. Qu'on tue les adolescents, ça fait mal au coeur », confie-t-il.
Le recueillement, mais aussi la colère après ces nouvelles violences meurtrières. Le lycéen avait 16 ans : « Même s'ils participent à la marche, ils s'en vont et ils reviennent en paix. Pourquoi ne pas autoriser les marches ? On n'a même pas les mots, on n'arrive pas à comprendre... » La mobilisation prévue le mardi 13 février a finalement été interdite par le préfet de Dakar, et une nouvelle fois, l'accès à l'internet mobile a été restreint par les autorités.
« En la justice sénégalaise, on a confiance »
À quelques mètres de là, dans la maison familiale, les parents de la victime préparent l'enterrement : « Ici, on a tous les papiers, on en prépare pour le jeudi. »
Mamadou Diedhiou se présente comme « le grand-père » du jeune homme. Les autorités n'ont pas communiqué sur les circonstances de son décès, et les enquêtes sur les victimes des troubles qui ont secoué le pays depuis mars 2021 n'ont pas abouti, mais le doyen se dit pourtant « confiant ».
« S'il faut porter plainte, il y a l'avocat qui doit parler, et nous sommes sereins. Ils vont éclairer tout ça. En la justice sénégalaise, on a confiance », assure-t-il. Le lycée Djignabo où étudiait Landing Diedhiou est resté fermé depuis son décès.