Madagascar: Mariage des enfants - Quid de la stratégie nationale de lutte ?

Le mariage des enfants fait partie des problématiques de la société malgache. Une problématique qui tire son ancrage du poids de la culture et des pratiques qui persistent malgré les diverses campagnes de sensibilisation tendant à alerter sur leurs méfaits.

Les données du troisième recensement général de la population à Madagascar alertent sur la situation. Sur les 452 022 filles de 12 à 19 ans qui sont mariées, 21 010 sont âgées entre 12 et 14 ans. Le même document fait savoir que l'âge moyen au premier mariage est de 15,9 ans pour les filles tandis que 46% d'entre elles sont mariées avant 18 ans. Toutes les données confirment la place de Madagascar dans le top 20 des pays présentant une forte prévalence de mariage précoce. Les méfaits de cette pratique sont toutefois connus pour leur conséquence désastreuse sur les victimes.

« Le développement d'un enfant marié trop tôt pourrait être ralenti. Les enfants mariés font face à une violation directe de leurs droits et sont plus à risque de violence et d'exploitation. Ils sont socialement isolés et leurs possibilités d'éducation, d'emploi et d'épanouissement sont minimisées car ils abandonnent souvent l'éducation pour assumer des rôles d'adulte. Une fille donnant naissance à un enfant prématurément a de fortes chances d'avoir des complications ou même de mourir pendant un accouchement qu'une femme adulte, et de donner naissance à un enfant qui est lui-même faible, malnutri et en mauvaise santé », peut-on lire dans la stratégie nationale de lutte contre le mariage des enfants. Cette dernière arrive d'ailleurs à son terme (si elle a été mise en oeuvre) étant donné qu'elle devrait courir de 2017 à 2024.

Sur le papier

Les objectifs de cette stratégie nationale sont toutefois louables. Elle ambitionne de « protéger les enfants de l'union, du mariage et de la grossesse précoce ». Ce, en fixant comme but à atteindre « réduire de 41,2% à 21,2% le taux de prévalence du mariage des enfants à Madagascar durant la période 2018-2024 ». Le pays s'est ainsi engagé à faire beaucoup de choses. Entre autres : » réduire de 20 points la prévalence de l'union/mariage des enfants en 7 ans ; réduire le taux d'entrée des adolescentes dans la vie reproductive de 37 à 25% pour les moins de 18 ans et de 13 à 5% pour les moins de 15 ans, réduisant ainsi le taux de mortalité des adolescents pour cause de grossesse précoce ; intégrer la lutte contre le mariage des enfants parmi les priorités des politiques et stratégies, programmes et plan de développement aux niveaux national, régional et communautaire ». Avec la situation actuelle, l'on se demande où en est cette stratégie, ou plutôt sa mise en oeuvre ?

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