La 58e édition de la Fête de la Jeunesse a été célébrée avec faste et solennité au Cameroun, le 11 février dernier.
Cette journée d'intenses activités est réservée à la jeunesse camerounaise. Mais, ces jeunes , dans leur subconscient étaient-ils de la fête ? Depuis 1960, rien ne leur aura été épargné: ils n'auront connu que deux Présidents de la république, ils auront flirté avec le pouvoir néocolonial, avec des assassinats divers; ils auront connu des insurrections, des émeutes, ils n'auront connu que de crise sociales diverses, de chômage, de paupérisation, le tout noyé dans un horizon bouché couplé d'un avenir incertain.
Dans tous les quatre coins du Cameroun, toute la jeunesse a vibré au rythme des festivités de la 58ème édition de la fête nationale de la jeunesse qui avait pour thème « Jeunesse, import substitution et patriotisme économique pour le progrès du Cameroun ».
Il s'agit d'une orientation politique qui encourage la participation active des jeunes à l'accélération de la croissance de notre économie, notamment par l'entrepreneuriat et l'innovation, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations, en développant ses propres capacités de production et de consommation.
De quelle consolidation de notre participation à l'accélération de la croissance de notre économie parlons nous quand on sait que le pouvoir de Yaoundé est quasiment juvénophobe ?
Demander aux jeunes de consolider leurs acquis pour le dévéloppement du Cameroun sans leur fournir en retour la matière première est un aveu d'incapacité de ceux qui auraient dû montrer le chemin à suivre. Il n'est pas facile de protéger et d'encourager une jeunesse à laquelle on n'y pense que lors de la fête de la jeunesse à travers des activités festives...
Comme d'habitude, les jeunes ont attendu le message du chef de l'Etat qui a une fois de plus embrassé le répertoire du déjà entendu souvent noyé dans les promesses hasardeuses et habituelles.
La jeunesse camerounaise désespérée cherche toujours ses marques sous l'oeil d'une kyrielle de maux qui la minent.
Dans certaine de nos campagnes, des centaines voire des milliers de jeunes se retrouvent entassés dans les salles de classe, mal assis devant un nombre insuffisant d'enseignants. Ce phénomène n'épargne pas certaines écoles primaires de nos grandes cités.
Que dire de nos écoles situées dans lez zones en conflits ? Personne n'en parle
Quelle formation attendre de ces innocents ?
Au Cameroun, dans un environnement de pauvreté, les jeunes filles ont tendance à avoir des rapports avec plusieurs hommes pour gagner de l'argent ou alors à se lancer dans la prostitution. Les jeunes hommes, surtout les enfants de la rue, finissent aussi par accepter les avances des homosexuels pour les mêmes raisons, et la même fin pour le bonheur du virus du SIDA.
Le constat est clair : Le sida est présent dans les milieux jeunes et même vieux et ne cesse de tuer. Tout ceci représente un danger pour cette jeunesse et pour les générations futures.
Dans nos grandes cités par exemple, il suffit d'organiser très tôt le matin une rencontre de football dans l'un de nos stades inoccupés. Vous vous retrouverez noyés dans une kyrielle de spectateurs. Ce sont tous des jeunes qui n'ont rien à faire ; preuve patente de la montée du taux de chômage. Ce phénomène n'épargne pas les jeunes qui ont eu la chance de pousser très loin avec les études.
La jeunesse camerounaise d'antan avait fréquenté les grandes écoles et les universités étrangères et avait produit ses compétences incontestables mais qu'a-t-elle fait pour son pays ? .Piller les ressources de l'Etat, fruit du pauvre contribuable.
La jeunesse d'aujourd'hui, à l'image ce celle d'hier, si elle n'a pas triché, elle se laisse prendre par le piège de l'obsolescence des moeurs avec toutes les conséquences que cela comporte.
Le pouvoir de Yaoundé avait toujours brandi la victoire des Lions Indomptables pour tromper la jeunesse camerounaise voire tout un peuple. Aujourd'hui cette équipe de football évolue en phase avec la situation sociocritique du pays et ne figurera plus dans le préambule des calculs politiciens. Au contraire, la prestation à tâtons de nos lions devrait plutôt le galvaniser voire lui servir de leçon afin qu'il s'organise pour mieux asseoir un grand destin pour notre pays.
La jeunesse camerounaise veut clairement et simplement accéder au savoir, à la formation et à un meilleur avenir. Mais comment y arriver ? Equation difficile à résoudre.
La seule alternative pour les jeunes : Fuir ou subir ?
Combien sont ces jeunes qui rêvent seulement partir pour des cieux nouveaux parce qu'ils n'y croient plus en l'avenir dans notre pays ?
Il est dit du Cameroun que les poissons meurent de vieillesse, que la nature est si généreuse qu'une semence jetée dans la nature pousse sans aucun soin particulier et donne du fruit.
Les lobbys divers se sont donnés des moyens logistiques pour détruire à grande échelle le Cameroun afin de réaliser des superprofits sur le dos des pauvres citoyens qu'on continue à endormir dans la notion de la jeunesse.
Conséquence : Le peuple victime, réduit à la misère la plus totale, subissant des traitements les plus déshumanisants est obligé d'aller mendier chez les voisins à des milliers de kilomètres..
Les jeunes d'aujourd'hui n'ont plus qu'une alternative : Subir ou s'exiler dans un pays où ils peuvent retrouver la liberté, la dignité humaine qu'ils ont perdu dans leur propre pays où ils deviennent des étrangers.
Aujourd'hui des milliers d'immigrés camerounais se trouvent par exemple en Europe en prise entre deux feux. D'une part les horreurs qui les attendent dans leurs pays respectifs en cas d'expulsion, d'autre part la traque dont-ils font l'objet devant les polices des frontières ou de l'immigration. Inutile de revenir sur les conditions de rétention des étrangers en attente d'expulsion ou mieux encore sur la vie quotidienne de ceux qui pavanent dans le désert « No Man's land » marocain
Il y a de cela un peu plus de cinq mois, un chercheur dans une université belge affirmait à Bruxelles qu'en Afrique centrale de nos jours, les jeunes camerounais sont parmi les plus nombreux qui sillonnent le monde entier à la recherche de leur pitance journalière alors que leur pays regorge de toutes les matières et ressources utiles à leur épanouissement. Ce constat n'inquiète point le pouvoir de Yaoundé qui n'a jamais pensé à mesurer l'ampleur de cet exode massif des jeunes meurtris par la misère vers les pays étrangers.
Pour cela il faudrait que toutes les forces qui aspirent au changement et au progrès multiforme se mobilisent et dans un seul but: Améliorer les conditions de vie de l'Homme ; respecter et faire respecter les droits fondamentaux de l'Homme au Cameroun où règne une espèce dictature d'Etat.
Si le Cameroun veut continuer de se prévaloir d'un important capital humain dynamique, il faut qu'il ait un courage d'introspection et celui d'un sauvetage des jeunes qu'il s'est fait depuis 58 ans. Faute de quoi tout le capital des institutions de Brettons Wood peut y parvenir, rien n'y fera.
A 58 ans, on est supposé franchir un autre cap, celle de la sagesse et la vie abandonnant derrière soi les souvenirs de la jeunesse. Tant pis, on est toujours jeune même si à 58 ans on n'a jamais eu l'occasion de rédiger une lettre de motivation et un CV pour un emploi.
De quelle jeunesse parlons-nous ?
Lorsque les aînés refusent de montrer à la jeunesse le chemin, ce dernier, abandonné à lui-même se doit de le trouver lui-même. Il est temps de cesser d'instrumentaliser cette jeunesse. La preuve en est que tous les jours, lors des nominations dans les hautes sphères de la nation, on prend toujours les mêmes, et on recommence pour les mêmes résultats que nous connaissons tous. Il est donc plus que jamais temps de combattre ces mentalités rétrogrades qui tuent les rêves de réussir et font que la jeunesse reprenne à son compte les défauts de ses aînés.