Albert est un natif d'Ebodje, une agglomération de l'arrondissement de Campo, dans le département de l'Océan, au Cameroun. Le village depuis près de 4 ans déjà suffoque, en raison de la pression exercée par l'arrivée de Camvert, et ce n'est pas tout. De plus en plus, les déchets plastiques jonchent les rues et la plage du village, pourtant situé au coeur des forêts du Bassin du Congo. Si Albert ne dispose pas encore de gros moyens pour combattre Camvert qui compte raser près de 40 000 ha de leurs forêts au profit d'une plantation de palmier à huile, au moins, ce futé a pu se servir de son talent pour livrer la guerre contre le plastique.
Le processus est simple. Albert a fabriqué avec l'aide de quelques amis au village des cages, auxquelles il a pris le soin de donner la forme de poisson et de tortue, pour représenter quelques éléments de la biodiversité qui les entoure et qui sont également impactés par cette pollution. Ensuite, il les a placés de part et d'autre dans le village et ensuite, il a encouragé les autres habitants à y jeter les déchets plastiques, qui ne sont pas biodégradables.
Lorsque ces bacs sont pleins, il les entasse dans un coin du village. Et quand on lui demande quelle est la prochaine destination de ces déchets, Albert sourit, et hausse les épaules pour dire qu'il ne sait pas trop. « Il y avait du plastique, ce que je savais c'est que je pouvais poser ces actions pour éviter qu'il ne traine partout. Pour la suite je ne sais pas... Mais j'ai espoir qu'un jour, je trouverai une organisation partenaire qui viendra le récupérer pour recycler », lance-t-il, le regard rempli d'optimisme et d'assurance.
« Au début de cette activité, les gens se moquaient de moi. Ils me demandaient si je croyais pouvoir changer le monde. » Pourtant, ces paroles sont loin de décourager notre ami écolo. Pour lui, il faut mettre tout en oeuvre pour débarrasser son village et surtout les plages du déchet plastique. Ebodje est un village du Sud Cameroun, qui regorge de tortues marines, une espèce de plus en plus recherchée dans le monde. L'avenir de ces tortues est déjà menacé par l'installation des agro-industries comme Camvert, et l'arrivée imminente des autres compagnies comme Synosteel, dont les activités ne seront pas sans impact sur les belles plages de ce village. Il y a dans son action un gros intérêt pour la préservation de l'écotourisme, qui fleurit depuis quelques années dans cette localité. D'ailleurs, une case de tortues ainsi que des maisons d'accueil ont été bâties pour satisfaire la curiosité des visiteurs, qui arrivent de plus en plus chaque jour, des quatre coins du monde.
Près de six mois après le début de cette initiative, Albert a déjà accumulé une bonne quantité de déchets. Mais notre soldat fait désormais face à un obstacle : le transport de ces déchets. « Lorsque le bac est plein, je fais venir les déchets qui sont devant la case des tortues dans cette salle ou je les stocke après remplissage. En ce moment, j'ai besoin d'un tricycle pour faciliter le transport. » En attendant, notre gardien de la nature continue de dépouiller son village du plastique, avec les moyens de bord.