Ile Maurice: Appel urgent aux dons de sang

14 Février 2024

Face à la propagation de la dengue à Maurice, la Blood Donors Association lance un appel urgent aux donneurs. Cette maladie peut entraîner une diminution critique des plaquettes chez certains patients et conduire à des situations catastrophiques, voire mortelles, prévient le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur de la santé publique. Il exhorte les autorités à réagir rapidement face à cette situation, alors qu'un deuxième patient est mort de la dengue, dimanche.

LA dengue semble se propager à Maurice, tout comme à La Réunion. Dans notre pays, les zones les plus touchées demeurent Port-Louis et le nord de l'île, tandis qu'à l'île soeur, le sud est le plus affecté (voir hors-texte). Un deuxième patient, un homme de 88 ans souffrant de comor- bidités, est mort dans une clinique privée dimanche. Ce qui préoccupe les professionnels de la santé, ce n'est pas seulement le nombre de per- sonnes touchées par l'épidémie, mais aussi son incidence sur la circulation sanguine. En effet, la dengue affecte les cellules sanguines et dans les cas les plus graves, l'un des principaux symptômes est la thrombocytopénie, c'est-à-dire la diminution des plaquettes.

C'est pour cela que Dewanand Hossen, président de la Blood Donors Association, lance un appel à la générosité mauri- cienne. Il souligne que cette diminution dans le corps humain entraîne plusieurs problèmes, notamment des saignements internes. «Les gens donnent leur sang mais pas leurs plaquettes. Pour cela, d'autres méthodes doivent être utilisées.»

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La première étape est la séparation. «Avec le sang collecté lors des campagnes, nous re- cherchons le groupe sanguin de la personne et procédons à une séparation. Ainsi, les plaquettes sont isolées d'un côté, les globules rouges et le plasma de l'autre. Cependant, il faut noter que la durée de vie des plaquettes est seulement de cinq jours. Passé ce délai, elles sont détruites.» Actuellement, l'association fait face à une pénurie de sang. «Nous demandons aux familles de rechercher des donneurs du même groupe sanguin pour pouvoir prélever des plaquettes. Cependant, cela prend beaucoup de temps.»

Un appareil est disponible à la banque de sang de l'hôpital Victoria pour séparer les composants du sang. Par exemple, si vous avez besoin de 600ml, l'appareil effectue une séparation de 100 ml en six fois, explique Dewanand Hossen. «Contrairement à une session de don de sang qui peut durer au maximum une trentaine de minutes, cette opération prendra entre une heure et demie et deux heures, selon le nombre de plaquettes à récupérer.»

Besoin de plaquettes

Les donneurs sont invités à prendre rendez-vous avec la banque de sang au 4277192 pour cette procé- dure. «La banque de sang or- ganise au moins quatre sessions par jour car des tests doivent être effectués avant la séance.» Il révèle que dimanche, la Blood Donors Association a organisé trois collectes de sang et a recueilli 278 pintes. «Cependant, nous utilisons environ 150 pintes par jour. Donc cela ne suffira que pour deux ou trois jours et c'est pourquoi nous demandons au public de continuer à donner leur sang et, s'ils le peuvent, de donner des plaquettes également.»

L'ancien directeur de la santé publique, le Dr Vasantrao Gujadhur, explique que c'est la dengue de type 2 qui affecte actuellement la population et qu'il est crucial d'agir rapidement à cet égard. «Le nombre de plaquettes dans le corps humain devrait être d'environ 150 000 et s'il tombe en dessous de 50 000, une transfusion sanguine est impérative. Si la personne ne reçoit pas de sang, elle commencera à saigner, ce qui peut entraîner une chute de tension et d'autres complications.» Il ajoute que la population mauricienne comprend des personnes âgées, des diabétiques, des hypertendus, des personnes souffrant de problèmes cardiaques, des patients sous dialyse, ainsi qu'une population croissante de personnes atteintes de cancer. «Ce sont autant de raisons pour lesquelles la banque de sang est proactive.»

Par ailleurs, il se demande si la section sanitaire du ministère de la Santé pourra contenir le nombre croissant de cas de dengue et exhorte la société civile à prendre les précautions nécessaires. «Il est essentiel que chacun fasse sa part. Il est important de maintenir sa cour propre, de se protéger des moustiques en utilisant des spirales anti-moustiques en fin d'après-midi, en portant des vêtements à manches longues et en utilisant de la crème anti-mous- tiques. Il est crucial de savoir se protéger.»

Le médecin exhorte également les autorités à réagir. «Il incombe à l'État de lutter contre les moustiques et leurs larves. Chaque ministère, qu'il s'agisse de l'environnement, des services publics, du tourisme ou de l'éducation, doit se sentir concerné. Je me demande si les écoles distribuent des spirales anti-moustiques dans les salles de classe. Il est nécessaire de fournir des crèmes aux enfants pour les protéger.»

Toutefois, il souligne une fois de plus que les autorités se sont prises trop tard pour protéger la population. «Cela aurait dû être déjà fait depuis décembre, dès les premiers cas.» De plus, une patiente atteinte de dengue aurait quitté l'hôpital National Sir Seewoosagur Ramgoolam sans autorisation en fin de semaine. Alertée, la police est à sa recherche...

De nombreux cas recensés dans le sud de La Réunion

Le 9 février, Santé publique France a publié son dernier point épidémiologique régional, révélant une augmentation des cas de dengue à l'île soeur. Principalement, ce sont les régions du sud du pays qui sont touchées par des cas associés à la dengue de type 2. Cependant, les autorités sanitaires soulignent que l'impact sur la santé reste faible jusqu'à présent, avec seuls cinq passages aux urgences pour un syndrome compatible avec la dengue depuis le début de l'année et aucun cas d'hospitalisation signalé.

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