Mali: Piratage IDEMIA par des hackers maliens - 007 sur les bords du Djoliba?

analyse

C'est une histoire digne de James Bond ou, si vous préférez, de 007, cet agent secret britannique travaillant pour le MI6.

Et pour incarner le personnage iconique de cinéma créé par l'auteur Ian Fleming, en lieu et place de Daniel Craig, Sean Connery, Roger Moore, Pierce Brosnan ou de Barry Nelson, on a 13 Maliens présentés par les autorités comme des hackers bénévoles. Mardi 13 février 2024, au palais de Koulouba, Assimi Goïta et le tout-Etat ont rendu hommage à ces fins limiers qui ont été décorés pour leur exploit : avoir réussi à récupérer les données biométriques autrefois «prises en otage» par la société française IDEMIA et avoir réussi à les transférer dans un nouveau système 100% malien baptisé «Mali Kura Biométrie». Signe, s'il en fallait encore, de son importance, l'évènement a fait l'objet d'un long reportage de la télévision nationale.

La société française, qui accuse le gouvernement malien de n'avoir pas réglé une note d'environ 6 milliards de francs CFA avait été l'une des victimes collatérales de la détérioration continue des relations entre le Mali et la France, marquée notamment par le départ de la force Barkhane, l'expulsion de l'ambassadeur Joël Meyer et la dénonciation de plusieurs accords de coopération liant les deux pays.

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Dans un communiqué le 25 septembre 2023, le gouvernement malien avait dénoncé la «prise en otage» des données du Recensement administratif à vocation civile (RAVEC) par IDEMIA, laquelle aurait refusé de fournir les codes d'accès. On comprend donc tous les honneurs faits à ces geeks locaux qui aurait réussi avec brio à pénétrer le système d'un des leaders mondiaux de la sécurité numérique. Ces 13 soldats du Net ont été célébrés comme des généraux revenant au pays après une campagne victorieuse. Sauf que ! Sauf que ! Sauf que pour IDEMIA, il n'y aurait en réalité pas de quoi fouetter un chat sur les bords du Djoliba pour la bonne et simple raison que les autorités maliennes avaient déjà accès aux mots de passe et que ce serait même sur la base de cela que le référendum a pu être organisé. Allez, dans cette histoire, distinguer le vrai du faux, ce qui relève de la réalité ou de la propagande comme on sait si bien le faire par ces temps qui courent !

Quoi qu'il en soit, on se rappelle que c'est l'absence desdites données qui avait servi, entre autres, de raison ou de prétexte, c'est selon, pour reporter la présidentielle de février 2024, renvoyée au calendes « maliennes ».

Maintenant que cet obstacle est levé, plus rien ne devrait donc s'opposer au retour à une vie constitutionnelle normale, surtout que, dans le même temps, l'environnement sécuritaire se serait nettement amélioré et que la reconquête du territoire avancerait à grands pas. A moins que...

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