Afrique de l'Ouest: Pr Kataoka Sadaharu, Spécialiste japonais des Relations Internationales - «Mali, Niger et Burkina ont pris une mauvaise décision en voulant quitter la CEDEAO»

14 Février 2024
interview

Le Professeur Kataoka Sadaharu est un spécialiste de la politique et des relations internationales, en particulier de la politique africaine. Au Sénégal dans le cadre d'une tournée africaine, il s'est entretenu avec « Le Soleil ».

Vous devriez animer une conférence sur : « La contribution du Japon à la paix et à la stabilité en Afrique ». Pourquoi ce thème ?

Depuis 2004, je suis Professeur en Relations internationales. Je me suis spécialisé sur l'Afrique depuis les années 1990. Cela fait donc une quarantaine d'années que je suis la politique africaine. Nous sommes très connu au Japon et en Asie, mais pas tellement en Afrique. C'est pourquoi le Ministère des Affaires étrangères japonais m'a demandé d'animer une série de conférences en Afrique. C'est dans ce cadre-là que je suis ici, au Sénégal. J'ai été au Maroc et je dois me rendre aussi en Algérie.

Quant au thème proprement dit, le Japon s'intéresse à la bonne gouvernance, en particulier, et la gouvernance, de manière générale, le renforcement des capacités des ressources humaines, etc. Le Japon est disposé à aider l'Afrique dans ces secteurs. C'est d'ailleurs dans ce cadre qu'on peut inscrire les différents Sommets de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad). Ces Sommets se tiennent depuis 1993. C'est une volonté affichée de Tokyo d'aider les pays en voie de développement, en particulier ceux africains.

Quelle lecture faites-vous des nombreux foyers de tension à travers le monde ?

Ce qui se passe en Ukraine est à la fois difficile et compliqué. On doit particulièrement aider l'Ukraine et faire confiance aux Nations unies pour la résolution de ce conflit. Je crois que c'est également valable pour le Moyen-Orient. Au Sahel, la situation est beaucoup plus complexe.

L'actualité au Sahel, c'est aussi le fait que trois États ont manifesté leur volonté de quitter la Cedeao. Ce, après avoir mis sur pied l'Alliance des États du Sahel (Aes). Quel regard portez-vous sur cette démarche ?

C'est mauvais. C'est très mauvais. Je pense que le Mali, le Niger et le Burkina ont pris une mauvaise décision en voulant quitter la Cedeao. Si ces pays pensent que la communauté ne fonctionne pas comme ils l'auraient souhaité, ils devaient rester et essayer ensemble pour voir comment y remédier.

Quelle lecture faites-vous des relations entre l'Afrique et le Japon ?

Je dois dire que l'Afrique n'est pas trop connue des Japonais, mais le Japon va continuer à soutenir l'Afrique dans sa politique de développement.

L'Afrique, surtout celle francophone, est marquée par des coups d'État. Comment, à partir du Japon, vous percevez ce phénomène ?

C'est vrai qu'il y a beaucoup de coups d'État dans la sous-région. Le Japon salue l'avancée démocratique notée dans certains pays africains, mais condamne naturellement les coups d'État. Au Japon, nous croyons fondamentalement à la démocratie. Par conséquent, nous sommes contre toute prise de pouvoir par la force.

Le Japon, tout comme les pays africains, ne fait pas partie des membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations unies. L'Afrique se bat pour avoir au moins un membre permanent. Comment accueillez-vous cette bataille du continent ?

Je trouve que c'est une très bonne initiative puisque le Japon et les pays africains n'ont pas un droit de veto aux Nations unies. Toutefois, j'encourage le Japon et l'Afrique dans leur lutte pour faire partie du Conseil de sécurité des Nations unies et disposer d'un droit de veto.

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