Dakar — Un collectif représentant des syndicats de travailleurs d'opérateurs de télécommunication présents au Sénégal a annoncé lancer à partir de ce mercredi des "actions de protestation pacifique" contre la restrictions d'accès à l'Internet mobile.
"Nous décidons, à partir d'aujourd'hui, de lancer des actions de protestation pacifique pour le moment, axées sur deux moyens de lutte : le port de brassards et les journées de débrayage ou de présence négative", a déclaré Rose Marie Balacoune Diouf, secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs des postes et des télécommunications (SNTPT).
Elle s'exprimait au cours d'une conférence de presse du collectif des syndicats des opérateurs des télécommunications concernés que sont Sonatel, Free et Expresso.
Des acteurs de société civile ont pris part à la rencontre avec les journalistes portant sur la décision des autorités du secteur de suspendre l'Internet des données mobiles sur certaines plages horaires.
L'Internet des données mobiles a été suspendu mardi sur certaines plages horaires "en raison de la diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs messages haineux et subversifs", a annoncé le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique.
Dans un communiqué, Moussa Bocar Thiam "informe le public qu'en raison de la diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs messages haineux et subversifs qui ont déjà provoqué des manifestations violentes avec des décès et des dégâts matériels importants, l'internet des données mobiles est suspendu ce mardi (...) selon certaines plages horaires. Selon le ministre, "les opérateurs de téléphonie sont tenus de se conformer aux réquisitions notifiées".
L'accès à Internet par les données mobiles a été rétabli le mercredi après deux jours de suspension décidée par les autorités dans un contexte de crise née du report de l'élection présidentielle.
Les syndicalistes appellent l'Etat à "mettre fin aux coupures intempestives de ce service" qui causent "des préjudices énormes" aux populations.
"Les coupures d'Internet sont une violation des droits de l'homme, une violation des droits de se réunir en ligne, une violation de la liberté d'expression, une violation du droit à l'information, et une violation des droits économiques", a dénoncé la secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs des postes et des télécommunications (SNTPT).
Selon Mme Balacoune, "les pertes économiques" liées à la coupure des données de l'Internet mobile "sont colossales pour les opérateurs de télécommunication", "sans compter les préjudices socio-économiques" subis par "des millions de clients".
Les autorités ont souvent recours à la suspension de l'accès à l'Internet dans un contexte marqué des manifestations violentes liées aux remous politiques de ces derniers mois.
Du 1er juin au 8 juin 2023, en réponse aux nombreuses manifestations contre la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko, le gouvernement sénégalais avait bloqué les principales plateformes de médias sociaux.
L'accès à I'Internet mobile à été entièrement suspendu dans plusieurs régions du 4 au 7 juin 2023.