En Libye, les États-Unis s'activent depuis plusieurs mois pour contrecarrer une percée de la Russie dans l'Est du pays, contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar. Détails.
La Libye est une des autres zones de la confrontation indirecte engagée entre la Russie et les États-Unis en Afrique, continent où une lutte silencieuse s'intensifie. Les deux puissances, qui s'affrontent indirectement en Ukraine, sont également en concurrence en Afrique où elles cherchent à étendre leur influence en s'appuyant sur des partenaires locaux, comme en Libye.
Washington est ainsi de plus en plus agacé par la consolidation du partenariat militaire entre Moscou et la Libye du maréchal Khalifa Haftar, commandant de l'armée nationale libyenne (ANL).
Depuis octobre 2023, la diplomatie américaine a multiplié les efforts visant à freiner cette relation. Des pressions ont été exercées sur l'homme fort de l'Est libyen qui est, par ailleurs, détenteur de la nationalité américaine.
Au moment où Moscou officialise sa présence militaire dans ce pays, Washington fait pression sur son allié libyen pour le sortir des bras de la Russie. Mais sans grand succès.
Une succession de visites américaines pour faire pression
En octobre dernier, le général Michael Langley, le commandant d'Africom, a fait part à Khalifa Haftar de la priorité des États-Unis en Libye : expulser le groupe paramilitaire russe Wagner.
Fin janvier dernier, l'homme fort de l'Est libyen a à nouveau reçu l'émissaire américain spécial Victor Norland et le sous-secrétaire d'État adjoint pour le Proche Orient chargé de l'Afrique du Nord, Joshua Harris, pour les mêmes raisons.
La semaine dernière, c'était au tour de l'attaché militaire américain en Libye d'être à Benghazi, pour encore davantage de pressions.
Parallèlement, des fuites organisées dans la presse américaine et européenne relatent largement l'implication de Saddam Haftar, un des fils du maréchal Haftar, et de l'ANL, dans différents trafics et de crimes organisés.
Ainsi, en moins de dix jours, plusieurs revues et quotidiens ont relaté les détails de ces affaires : trafics d'armes, de drogue, d'or, d'êtres humains et de la contrebande pétrolière... Des trafics qui auraient rapporté des milliards de dollars à la famille Haftar.
Selon certaines sources, Washington, toujours mécontent, menacerait de porter ces crimes devant la Cour pénale internationale (CPI). Au moment où Saddam Haftar exerce de plus en plus de responsabilité pour succéder à son père.