En République démocratique du Congo (RDC), une manifestation a été organisée ce 15 février 2024 par la société civile de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, pour dénoncer la guerre qui fait rage dans l'Est de la RDC et exiger des autorités congolaises la fin des relations avec plusieurs États et institutions et la fermeture des frontières avec le Rwanda. Reportage.
En République Démocratique du Congo (RDC), la société civile du Sud-Kivu est en colère suite à la guerre qui a repris dans la province voisine du Nord-Kivu depuis deux ans.
Durant une manifestation sécurisée par la police ce 15 février 2024 à Bukavu, elle a dit attendre des autorités congolaises des mesures claires et courageuses pour la pacification de l'Est de la RDC.
Elle propose la rupture des relations diplomatiques avec tous les pays agresseurs et la fermeture des frontières avec le Rwanda.
« Nous demandons la fermeture immédiate de nos frontières avec le Rwanda et l'Ouganda »
Vêtue en noir, petite banderole dans ses mains, Ludmilla Witanene s'est par exemple jointe aux milliers des manifestants sur l'artère principale de la ville pour faire entendre sa voix. Elle ne décolère pas : « J'ai vu dans une vidéo, une maman qui portait son enfant au dos, et qui avait reçu une balle. L'enfant continuait à pleurer ne sachant pas que sa maman était déjà morte. Cela m'a fait mal et c'est ce qui m'a poussée à manifester pour montrer notre douleur. Vraiment, on en a marre ! Nous sommes fatigués ! »
Dans un mémo remis au gouverneur intérimaire Marc Malago, les manifestants regrettent que le gouvernement congolais ait évoqué une fin imminente de la guerre mais maintienne des relations diplomatiques avec différents États. Adrien Zawadi, président de la société civile du Sud-Kivu, lance : « Pour la énième fois, nous exigeons et demandons au président de la République le retrait immédiat de notre pays de l'East Africa community [l'organisation sous-régionale, Communauté est-africaine, qui avait déployé une force dans l'Est de la RDC, Ndlr] et de la francophonie [l'Organisation internationale de la francophonie, dirigée par la Rwandaise Louise Mushikiwabo, Ndlr], la fermeture immédiate de nos frontières avec le Rwanda et l'Ouganda jusqu'à nouvel ordre. » Il insiste : « Le Burundi l'a fait [fermé ses frontières, Ndlr] et les Burundais ne sont pas morts; la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et les autres pays de l'Union européenne. »
Par mesure de sécurité, plusieurs boutiques appartenant aux étrangers ont fermé leurs portes jusqu'à la fin de la manifestation.