Quand j'ai vu la victoire de l'équipe ivoirienne à la 34e Coupe d'Afrique des nations,
je me suis dit qu'au-delà de toute stratégie de jeu, le meilleur antidote de l'échec est la volonté. On peut affirmer sans se tromper que les Eléphants ont mouillé le maillot. Malgré leur raclée de 4 à 0, ils ont su remonter la pente et même remonter les bretelles aux adversaires les plus célèbres.
On peut donc dire que chaque joueur a joué le match dans sa tête et porter la victoire dans son coeur avant de fouler la pelouse. Pour les Eléphants, la victoire pouvait s'arracher même à la dernière minute du match et ce, au détriment de l'adversaire qui n'a pas su conserver son avantage. C'est vrai, ils avaient un public acquis à leur cause ; ils avaient les grands noms, anciennes gloires du football ivoirien dans les tribunes ; ils avaient même le président de la République avec eux.
L'équipe ivoirienne n'a pas joué seule ; elle avait des supporters qui croyaient en elle malgré ses écueils de départ. Pour les Ivoiriens, l'essentiel c'était de marquer plus que de se faire remarquer. Et ils nous ont marqué par leur entêtement à croire en la victoire jusqu'au bout. Comme dans la vie, il ne faut jamais baisser les bras face à l'oppression des défis. Il ne faut jamais reculer ou capituler quand on est déjà aux prises avec l'adversité. La détermination, la rage et l'envie de gagner ne dépendent pas d'un palmarès ou d'un titre. Même le champion d'Afrique d'antan en titre a perdu la partie, sans repartie face aux Eléphants.
C'est pourquoi finalement l'on peut se demander si c'est à l'entraineur qu'il faut jeter la première pierre quand ça ne va pas. Pourquoi ne limoge-t-on pas tous les joueurs qui ont brillé par leur flegme ? On a beau chanter que le football c'est du jeu, il suffit de voir ce que les Eléphants ont remporté et les récompenses qui vont avec, pour se rendre compte des enjeux du jeu.
Le football et le sport en général, c'est aussi et surtout du business et il faut en faire une priorité pour avoir des résultats satisfaisants. On ne joue pas avec un jeu qui rapporte de l'argent. On n'en fait un combat et le meilleur des combats vient du coeur. La victoire de la Côte d'Ivoire montre que le drame ce n'est ni de trébucher ni de tomber ; il faut savoir se relever et poursuivre son chemin avec en tête l'objectif à atteindre.
Elle n'a pas forcément sorti les plus beaux jeux du match, mais elle a montré une bonne leçon de combativité et d'espoir. Mas il ne s'agit pas de l'espoir assis ou perclus ; il s'agit de l'espoir plein de foi qui se tient debout et actif, prêt à faire de la moindre occasion, une réalisation. C'est ainsi que même à 10 contre 11, les Eléphants ont relevé le défi de l'adversité comme pour dire que la force ce n'est pas forcément dans le nombre, mais dans la qualité du nombre.
La CAN, c'est fini ! Il appartient à chacun de faire son bilan, sans complaisance. Mais une chose est sûre, on ne bâtit pas une équipe forte et solidaire dans le brouhaha. On ne prépare jamais la victoire en professant son propre déboire. On ne supporte pas son équipe quand elle gagne et la maudit quand elle perd. On ne joue pas seul quand on est onze sur le terrain. On ne démet pas un entraineur pour insuffisance de résultat, quand les joueurs se baladent sur la pelouse.
Et le meilleur entraineur, ce n'est pas forcément un Européen payé à plus de 30 millions,
voire plus de 40 millions F CFA par mois. Il suffit d'avoir une vision dans ce sens en faisant former nos entraineurs dits péjorativement « locaux » ; en y payant le prix qu'il faux. Parce qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Alors arrêtons de penser que le meilleur entraineur vient toujours d'ailleurs et doit être blanc. Arrêtons de penser que le meilleur joueur vient toujours d'Europe ou d'Amérique, là encore, il y en a des locaux qui sont prêts à mettre la tête entre les crampons, à tendre le pied dans les crocs-en-jambe, à se sacrifier pour marquer le but salvateur. Hélas, quand la politique et le népotisme jouent mieux que le talent, on ne peut que participer toujours
à la CAN sans le moindre « fait de guerre ». Parce que les meilleures équipes ont au moins un terrain.
Et ça, c'est aussi une question de vision teintée de patriotisme. En attendant, l'éléphant savoure sa troisième médaille d'or en lorgnant déjà Maroc 2025 pour un quatrième « mandat » à ramasser sur le tas, sans branle-bas de combat ! Parce que s'il n'y a pas deux
sans trois, il n'y a pas trois sans quatre ! Parce que, derrière un éléphant, il y a toujours un éléphant.