En Conseil des ministres avant-hier, mercredi 14 février, le Chef de l'Etat a demandé aux « ministres concernés de tenir une concertation-revue avec la communauté universitaire afin de trouver les voies et moyens rapides d'assurer le déroulement normal des enseignements ». Cependant, la crise politique que vit actuellement le Sénégal, ne risque-t-elle pas de pénaliser la reprise des enseignements en présentiel dans les universités, quand on sait qu'elles avaient été fermées au mois de juin dernier pour des « raisons de sécurité », après les manifestations liées à la condamnation de Ousmane Sonko ?
Depuis l'annonce du report de l'élection présidentielle, le Sénégal vit une instabilité politique avec des manifestations qui ont déjà fait trois morts, et des arrestations. Au mois de juin dernier, notre pays avait vécu de violentes manifestations liées à la condamnation à deux ans de prison ferme du leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko pour « corruption de la jeunesse » dans l'affaire Sweat Beauté. Ce qui avait occasionné des dégâts matériels énormes dans l'enceinte de l'université de Dakar. Et pour des « raisons de sécurité», les universités publiques avaient été fermées sur décision des autorités académiques. Et afin de permettre aux étudiants de maintenir une certaine continuité, elles avaient décidé de travailler sur des dispositifs alternatifs d'enseignement à distance malgré toutes les contraintes.
En effet, avant-hier, mercredi 14 février, la question du bon fonctionnement des universités publiques a été évoquée en Conseil des ministres avant-hier, mercredi 14 février. Sur ce sujet, « le Chef de l'Etat a demandé au Gouvernement de veiller au bon fonctionnement des Universités publiques afin de consolider les performances de notre système d'Enseignement supérieur et la qualité du capital humain national. Le Président de la République a notamment souligné l'impératif de promouvoir un climat scolaire et universitaire serein, ainsi que la nécessité d'une mutualisation des programmes, des ressources humaines et des fonctions support des universités en vue d'une optimisation des ressources financières mobilisées pour asseoir l'excellence universitaire dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE) », rapporte le communiqué.
La note ajoute : « le Chef de l'Etat a demandé, au Premier Ministre et aux Ministres concernés, de tenir une concertation-revue avec la communauté universitaire afin de trouver les voies et moyens rapides d'assurer le déroulement normal des enseignements et le déploiement adéquat des oeuvres sociales », rapporte le communiqué. Toutefois, son souhait risque de ne pas être facile à réaliser dans ce contexte actuel de tension politique persistante dans le pays. Et pour cause, il y a quelques mois, la situation qui était plutôt apaisée, n'a pas permis la reprise normale des cours dans les universités publiques.
Depuis juin 2023, les universités publiques sénégalaises sont confrontées à des émeutes, entrainant la fermeture des campus pendant plusieurs mois. Si dans les universités de Ziguinchor, de Saint-Louis et d'autres localités du pays, les cours ont pu reprendre normalement ou du moins, ce n'est pas encore le cas à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Malgré les multiples appels des étudiants et des professeurs qui continuaient de réclamer une reprise des cours en présentiel, les autorités académiques campaient sur leur position. Et l'Ucad qui croyait presque être au bout de ses peines avec son ouverture probable juste après les élections, s'expose à un prolongement de sa fermeture à cause de la tension politique actuelle.
Pour rappel, après six mois de fermeture de l'Ucad, les étudiants devaient reprendre les cours en présentiel le mercredi 3 janvier dernier dans des sites externes comme le Cices. Toutefois, cette reprise n'a pas été effective à cause de la non-disponibilité des salles et des problèmes d'organisation. Pour les étudiants, il est impensable de rouvrir le campus pédagogique sans le campus social. Aujourd'hui que la tension reste vive après les tribulations autour du «report» de l'élection présidentielle au 15 décembre prochain, la reprise des cours en présentiel sera-t-elle effective comme le souhaite le Chef de l'Etat, on attend de voir.