Afrique de l'Ouest: Burkina Faso, Mali, Niger - Quelles éventuelles conséquences en cas de sortie du franc CFA?

Les pays de l'Alliance des États du Sahel (AES), le Burkina Faso, le Mali et le Niger, font de la sortie du franc CFA et de la création d'une monnaie commune un objectif incontournable. À ce stade, il ne s'agit que d'un projet, mais des questions se posent sur les conséquences pour les pays voisins. Éclairage.

  • Une dévaluation du franc CFA serait-elle à craindre ?

« Pas du tout », répond l'expert monétaire français Olivier Vallée, qui fut conseiller technique du Fonds monétaire international (FMI) auprès des pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). « Une dévaluation du franc CFA est assez improbable, puisque sa valeur est établie à parité fixe avec l'euro », rappelle-t-il.

Celle-ci est garantie en partie par le Trésor public français et appuyée par les réserves de change détenues par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).

Si le Burkina Faso, le Niger et le Mali mettent leur plan à exécution, qu'ils créent leur propre monnaie commune et qu'ils sortent du franc CFA, l'impact sera relativement négligeable pour les autres pays de la zone, dont le PIB pèse bien plus lourd.

La Côte d'Ivoire et le Sénégal sont des pays côtiers, qui bénéficient d'importants flux commerciaux et qui ont de bonnes réserves de change pour appuyer la valeur de leur monnaie. « En 1994, le franc CFA avait dû être dévalué suite à une crise de la dette, rappelle tout de même Olivier Vallée. Mais peu de chance que ce scénario se reproduise aujourd'hui ! »

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  • Pourrait-il y avoir d'autres conséquences, notamment sur les échanges commerciaux ?

Les conséquences devraient être assez limitées, selon les spécialistes. D'ailleurs, des échanges existent déjà avec des pays qui n'utilisent pas le franc CFA sans que cela pose problème. « Le Mali commerce déjà très bien avec la Guinée [qui utilise le franc guinéen, comme monnaie, Ndlr], souligne Olivier Vallée. Le Bénin et le Togo ont l'habitude des échanges avec le Ghana [qui utilise le cedi, Ndlr] et c'est sans parler du Nigeria [où la monnaie est le naira, Ndlr], le poids lourd économique de la région ».

Il faudra bien sûr une adaptation aux nouveaux signes monétaires et opérer certains changements dans les pratiques financières et commerciales, mais « probablement rien d'insurmontable ». Tout dépendra en fait de la capacité et de la volonté des États à collaborer entre eux.

  • D'autres pays pourraient-ils leur emboîter le pas et quitter à leur tour le franc CFA ?

Impossible de le dire à ce stade, puisqu'on ne sait pas si les pays de l'Alliance des États du Sahel (AES) vont réellement abandonner le franc CFA, sortir de l'Uemoa et donc renoncer du même coup à certaines facilités douanières. Tout cela reste pour l'instant de l'ordre de l'hypothétique.

Mais, si cela arrivait, il y aurait évidemment un risque politique. Le chercheur Ndongo Samba Sylla parle « d'un risque de dislocation », si d'autres pays décidaient que, finalement, l'alternative proposée par les États du Sahel était plus intéressante que de rester dans le franc CFA, devise qui est remise en cause depuis longtemps dans la région.

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