À présent que la décision du Conseil constitutionnel est rendue, invalidant le report de la date du scrutin présidentiel, il s'agit de savoir quand pourra intervenir cette date du premier tour ? Pour les spécialistes du droit constitutionnel, cela est très clair : si l'on s'en tient à ce que dit la Constitution sénégalaise et compte tenu des délais impartis (30 jours au plus tard avant la fin du mandat de Macky Sall le 2 avril) cette date du premier tour ne peut être que le dimanche 3 mars.
Si l'on s'en tient au texte stricto sensu, il n'y a plus beaucoup de marge de manoeuvre pour que le premier tour de la présidentielle se tienne dans les délais prévus par la Constitution.
Dans leur chronologie, les textes prévoient que le premier tour doit intervenir un dimanche et dans un délai de quarante-cinq jours maximum ou de trente jours minimum avant la date de fin de mandat du président en place.
L'échéance du mandat pour Macky Sall étant le 2 avril, les constitutionnalistes en concluent que le vote des électeurs sénégalais ne peut se faire que le dimanche 3 mars 2024.
On aurait alors une campagne électorale raccourcie d'à peine une dizaine de jours - contre vingt et un en temps normal - et ce pour peu que le président sénégalais décide de convoquer le corps électoral à la date du 3 mars. « Les vingt et un jours de campagne sont l'usage, mais compte tenu du contexte et de la nécessité d'organiser rapidement le scrutin, on peut réduire ce temps » explique Sidy Alpha Ndiaye, professeur agrégé de droit public et enseignant à l'Université Cheick Anta Diop de Dakar.
Bien sûr, de la théorie juridique à la pratique politique sénégalaise il y a un pas. Comment organiser un dialogue national annoncé par le président, une campagne électorale et un vote dans un délai aussi si serré ? À ce titre et pour être certain que la date du 3 mars soit respectée le juriste et membre du parti d'opposition Rewmi Thierno Bocoum regrette que le Conseil constitutionnel n'ait pas prémuni le Sénégal d'un nouveau délai, en ne se montrant pas plus précis sur « la fourchette de l'article 31 qui exige la tenue de l'élection présidentielle au plus tard le 3 mars ».
Les constitutionnalistes ne préjugent pas des arguties politiques et de la décision que prendra Macky Sall dans les prochaines heures pour convoquer le scrutin ou pas. Mais certains estiment qu'après ce camouflet essuyé par la présidence, une nouvelle entorse à la Constitution sénégalaise serait périlleuse.
Le Conseil a bien dit que l'élection présidentielle ne peut pas être reportée au-delà de la date d'expiration du mandat du président. Si c'était le cas, on serait dans un cas de figure assez cirsogène.
02:33 Sidy Alpha Ndiaye, professeur agrégé de droit public et enseignant à l'Université Cheick Anta Diop de Dakar
Frédéric Garat À lire aussiSénégal: le président s'engage à organiser la présidentielle «dans les meilleurs délais»