À Madagascar, ses titres résonnent partout, dans la rue, les bus et les boîtes de nuit. En un an et demi seulement, le chanteur Rim-Ka, étoile montante de l'afropop, s'est hissé au sommet de la scène musicale malgache. À 21 ans, l'artiste imprime dans le monde de l'Afrobeat son propre style qu'il espère désormais exporter au-delà de la Grande-Île. Reportage à l'un de ses concerts à Antananarivo.
Ce soir-là, au Taxi Be, lieu incontournable de la vie nocturne de la capitale de Madagascar, « African Queen » résonne comme un hymne. Son ascension éclair, Rim-ka la doit en grande partie à ce titre au refrain entêtant et aux sonorités afrobeat assumées. Pendant 3 minutes 10, l'artiste et ses fans basculent dans une autre dimension et partagent un moment de communion.
Au-devant de la scène, Laurencia, étudiante de 20 ans, rencontre son idole pour la première fois. « Je n'arrive pas à y croire ! s'exclame la jeune femme. Moi j'aime le rythme et ce qu'il dit, il parle d'amour. Il est encore jeune et il est déjà célèbre à son âge, c'est incroyable, c'est vraiment une fierté pour nous les Malagasy ».
Impensable il y a un an et demi encore d'imaginer le jeune Rim-Ka conquérir la capitale, sans cours de chant derrière lui ni réseau dans le milieu. Pourtant, Doda, lui, dit n'en avoir jamais douté. « Moi, je ne suis pas étonné qu'il soit là en ce moment. Il passait des nuits blanches au studio pour être performant dans ses sons », raconte-t-il.
Originaire comme son idole de la ville côtière de Tamatave à l'Est, Doda a vu le jeune artiste anonyme devenir petit prince de l'afropop : « À Madagascar, je dirais qu'aujourd'hui c'est le seul qui maîtrise ce genre de rythme. Il modifie un peu l'Afrobeat à sa façon dans un style malgache et c'est très agréable. On le voyait déjà dès le début, il a quelque chose, un truc un peu particulier. »
« S'il était né au Nigeria ce serait un Rema ou un Burna Boy »
Ce « truc » particulier, les professionnels du milieu l'ont vu également. Depuis un an, Rim-Ka est épaulé par René Lemoine. Ce tourneur international réputé à Madagascar contribue depuis vingt ans à faire émerger des talents malgaches à l'étranger. Pour lui, l'avenir de Rim-Ka s'écrira en Afrique de l'Ouest. « En Afrique, dans le milieu de la musique, il n'y a pas de barrière de langage. Un Ivoirien peut écouter de la musique nigériane. Un Nigérian peut écouter de la musique camerounaise et ainsi de suite. C'est pour ça que je dis qu'il faut absolument passer par là. De Madagascar, on n'y arrivera pas, soutient t-il. Parfois je me dis que Rim Ka n'est est pas né au bon endroit, s'il était né au Nigeria ce serait un Rema ou un Burna Boy », sourit René Lemoine.
En attendant de se hisser aux rangs des géants de l'Afrobeat, Rim-ka peut compter sur le public malgache pour continuer à vibrer sur sa musique, comme ce soir-là au Taxi Be, tard jusqu'à l'aube.