En marge du sommet de l'Union africaine, un mini-sommet extraordinaire sur le regain de violences dans l'est de la RDC a eu lieu à Addis-Abeba. Plusieurs chefs d'État étaient présents, dont Félix Tshisekedi et Paul Kagame.
Suite à l'atterrissage tardif dans la capitale éthiopienne de plusieurs délégations, ce n'est qu'en milieu de soirée que s'est ouverte la réunion de haut niveau à huis clos dans le bâtiment Julius Nyerere de l'Union africaine.
Parmi les chefs d'État présents figuraient le président angolaisJoão Lourenço, médiateur de l'Union africaine dans ce dossier, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa dont les forces militaires sont engagées auprès de l'armée congolaise dans l'est du pays, le Kényan William Ruto et les deux principaux protagonistes, le Rwandais Paul Kagame et le CongolaisFélix Tshisekedi.
« Une position défensive »
C'est à ce dernier que le médiateur Lourenço a donné la parole en premier. D'après des participants à la réunion, le dirigeant congolais a livré un discours sans ambages et, preuves des Nations unies à l'appui, il a accusé le Rwanda de déstabiliser la RDC en soutenant militairement les rebelles du M23.
« Ce mini-sommet a entre autres évoqué le retour à un dialogue constructif et réconciliateur entre la RDC et le Rwanda, la cessation immédiate des hostilités, le retrait immédiat du M23 des zones occupées et le lancement du processus de cantonnement de ce mouvement », selon la présidence congolaise sur X (ex-Twitter), précisant que la réunion continuerait samedi.
Ce mini-sommet a entre autres évoqué le retour à un dialogue constructif et réconciliateur entre la #RDC et le #Rwanda, la cessation immédiate des hostilités, le retrait immédiat du M23 des zones occupées et le lancement du processus de cantonnement de ce mouvement. pic.twitter.com/I6c8pjlOc3-- Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) February 16, 2024
Toujours selon les témoins de la séance, c'est ensuite le président Paul Kagame qui a pris la parole mais « dans une position défensive », d'après un membre de la délégation congolaise.
La réunion n'aura duré qu'une heure et demie. Elle a été suspendue à cause de l'heure tardive et devrait reprendre ce samedi en marge de la 37e conférence des chefs d'État de l'Union africaine.
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Kigali vent debout contre un potentiel soutien de la Monusco aux forces de la SADC
L'organisation onusienne envisage d'apporter un soutien opérationnel et logistique aux forces militaires de la SADC déployées depuis décembre dans l'est de la RDC. Et cette éventualité déplaît fortement à Kigali. Dans une note verbale, le ministre des Affaires étrangères rwandais demande au Conseil de sécurité de l'ONU de reconsidérer cette option.
Par Guilhem Fabry
Le ton est ferme. Le ministre des Affaires étrangères, Vincent Biruta, estime que la force militaire de la SADC « n'est pas neutre » puisqu'elle s'associe à des groupes qui auraient la volonté de déstabiliser le Rwanda et de pourchasser les Congolais Tutsis.
Le chef de la diplomatie rwandaise considère que l'ONU ferait un mauvais choix en apportant son soutien à cette coalition, qui comprend, selon Kigali, les FARDC, la Monusco, l'armée burundaise ou encore les rebelles hutus rwandais des FDLR.
Pour Vincent Biruta, les Nations unies devraient plutôt condamner « les massacres ethniques dans l'est de la RDC et les déclarations belliqueuses des présidents de la RDC et du Burundi ».
Le gouvernement rwandais prévient qu'il a déjà mis en oeuvre des mesures « préventives et défensives », sans préciser lesquelles, à la suite des menaces brandies par les présidents congolais et burundais.
Des experts des Nations unies affirment que le Rwanda soutient activement le M23, malgré ses dénégations. Et depuis peu, le groupe rebelle serait équipé de missiles sol-air lancés à partir de blindés rwandais, d'après un document de l'ONU qui pointe une escalade dans le conflit.