Dakar — L'Union européenne (UE) invite les protagonistes de la crise politique au Sénégal à respecter la décision du Conseil constitutionnel annulant le report de l'élection présidentielle et demandant au gouvernement de l'organiser dans les meilleurs délais.
"L'Union européenne a pris acte de la décision prise par le Conseil constitutionnel [...] et appelle toutes les parties à respecter cette décision et à mettre tout en oeuvre pour organiser l'élection présidentielle selon la décision du Conseil, c'est-à-dire dans les meilleurs délais", a dit Nabila Massrali, sa porte-parole.
Mme Massrali a fait cette recommandation aux leaders politiques sénégalais lors de son point de presse quotidien.
Jeudi, le Conseil constitutionnel sénégalais a rendu une décision jugeant "contraire à la Constitution" la loi reportant l'élection présidentielle au 15 décembre.
Elle a annulé en même temps le décret avec lequel Macky Sall a renoncé à la convocation des électeurs aux urnes pour l'élection d'un nouveau président de la République, le 25 février.
Vendredi, M. Sall s'est engagé, dans un communiqué du ministre, porte-parole de la présidence de la République, à "faire pleinement exécuter" la décision du Conseil constitutionnel annulant le report du scrutin.
"Garantir les libertés fondamentales"
Le chef de l'État a promis aussi de mener, "sans tarder", et "dans les meilleurs délais", les "consultations nécessaires" pour l'organisation de l'élection.
Le report de la présidentielle a donné lieu à des manifestations dans plusieurs villes du pays, au cours desquelles trois personnes au moins ont trouvé la mort, à Saint-Louis (nord), Ziguinchor (sud) et Dakar, la capitale.
L'UE, l'un des principaux partenaires économiques et financiers du Sénégal, demande que des enquêtes judiciaires soient menées sur la mort des trois personnes.
Elle souhaite que les juridictions concernées enquêtent aussi sur "le grand nombre de blessés et d'arrestations" survenues lors des manifestations contre le report de l'élection.
L'Union européenne dénonce le "recours inutile et disproportionné à la force contre les manifestations et les restrictions de l'espace civique" au Sénégal.
L'UE souhaite que "toute la lumière soit faite sur les conditions des décès de ces personnes", en même temps qu'elle recommande aux autorités sénégalaises de "garantir les libertés fondamentales, dont la liberté de manifester pacifiquement".