Dakar — La plateforme "Aar Sunu élection" (Protégeons notre élection), saluant la décision du Conseil constitutionnel annulant le report de l'élection présidentielle initialement prévue le 25 février, milite pour la tenue de ce scrutin le 3 mars ou le 10 du même mois, le mandat du président sortant devant prendre fin le 2 avril.
"On ne peut rien faire après le 2 avril", date correspondant au dernier jour du mandat du président sortant, a déclaré Babacar Guèye, un militant de la plateforme "Aar Sunu élection", au cours d'une conférence de presse, vendredi, à Dakar.
"Le président de la République ne peut pas prendre tout son temps parce que la question a été prise en compte par le considérant 20 de la décision du Conseil constitutionnel", qui a invité les autorités à organiser l'élection "dans les meilleurs délais", après avoir constaté l'impossibilité de tenir le scrutin le 25 févier.
Le Conseil constitutionnel a jugé contraire à la Constitution la loi reportant au 15 décembre prochain l'élection présidentielle.
Il a annulé en même temps le décret avec lequel Macky Sall a renoncé à la convocation des électeurs aux urnes pour l'élection d'un nouveau président de la République, le 25 février.
"Une première victoire historique"
M. Sall a annoncé, le 3 février dernier, avoir annulé le décret appelant les Sénégalais à élire son successeur.
Il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l'examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d'entre eux.
L'Assemblée nationale a voté, deux jours plus tard, une proposition parlementaire reportant le scrutin présidentiel au 15 décembre prochain.
La décision du Conseil constitutionnel annulant le report de l'élection "est une première victoire historique", estime Babacar Guèye.
Cette décision "réconcilie la justice avec le peuple sénégalais et rehausse l'image du Sénégal", un pays considéré comme une "vitrine de la démocratie" en Afrique de l'Ouest.
"Le processus électoral reprend, les candidats restent. Parce que la décision est insusceptible de recours si on se réfère à l'article 80 de la Constitution", a précisé Babacar Guèye, spécialiste du droit constitutionnel.
"Nous avons fait plusieurs simulations et nous nous sommes rendu compte que l'élection peut se tenir le 3 mars ou le 10 mars 2024", a ajouté ce responsable de la plateforme "Aar Sunu élection".
Elimane Kane, un autre militant de la même plateforme, a insisté sur l'intérêt de "maintenir la mobilisation et la dynamique citoyennes" autour de cette question.
"La marche de demain sera une fête pour la démocratie"
"Le Conseil constitutionnel ne pouvait pas faire autrement. Mais il ne s'agit pas d'une panacée, parce que nous n'avons pas atteint nos objectifs. Il faut qu'un rendez-vous soit pris" pour cette élection, a dit M. Kane.
Aussi a-t-il annoncé le maintien de la marche que la plateforme "Aar Sunu élection" a décidé d'organiser ce samedi en guise de protestation contre le report de l'élection présidentielle et la prolongation du mandat du chef de l'État sortant.
"Nous n'avons pas encore reçu de lettre de la part du préfet de Dakar, mais nous pouvons espérer que sa réponse sera positive", a-t-il dit, concernant cette marche initialement prévue mardi 13 février.
Cette manifestation a été interdite par le préfet de Dakar. L'autorité administrative a argué que la marche pourrait "perturber gravement" la circulation.
Le préfet de Dakar a ensuite invité les organisateurs à lui proposer un autre itinéraire.
"La marche de demain sera une fête pour la démocratie", l'occasion de "dire que le peuple est debout et a le droit de dire ce qu'il pense", a déclaré Elimane Kane.