Libye: Commémorations, divisions et protestation sociale ce 17 février

La Libye commémore ce samedi la révolution du 17 février 2011 qui a mis fin, avec l'intervention de l'Otan, à presque 45 ans de pouvoir du Colonel Kadhafi. Pour l'occasion, le Premier ministre sortant, Abdelhamid Dbeibah, a voulu une fête grandiose à Tripoli, et ce malgré une forte opposition de la population.

Abdelhamid Dbeibah a employé une société canadienne pour l'organisation de l'évènement, chargée de faire venir des artistes étrangers de renommée. Décidé à assoir son pouvoir en s'appuyant sur les dimensions symboliques de cette fête, le Premier ministre libyen a été cependant été confronté à une forte contestation.

Pris à partie par les manifestants qui l'ont interpellé, le Premier ministre libyen a lancé, sur un ton menaçant, « nous allons fêter le 17 février malgré tout ». Des jeunes protestaient devant la grande scène érigée sur la place des Martyrs, contre les millions dépensés.

Ailleurs, à Tripoli, à Souk al Jomaa, un quartier populaire, des jeunes groupés dans la rue réclamaient au procureur général d'ouvrir une enquête sur l'argent dépensé pour cette fête et s'opposaient au gaspillage d'argent public.

Les gardiens du complexe pétrolier de Mellita, à l'ouest libyen également, ont protesté en bloquant l'entrée du complexe. Eux aussi n'ont pas touché leurs salaires, depuis novembre dernier, et se considèrent marginalisés.

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À Zentan, c'est le Conseil militaire de la ville qui dénonce la corruption du gouvernement Dbeibah, « un gouvernement de voleurs », accusent les protestataires.

Le coeur de la majorité de la population n'est en effet pas à la fête. Le dinar n'a de cesse de reculer face au dollar, et l'indice de la qualité de vie en Libye a encore baissé de plusieurs points, en 2023.

Les enchères montent entre les deux gouvernements

À l'est libyen, le gouvernement Oussama Hammad a, de son côté, annulé toutes les festivités en solidarité, a-t-il annoncé, avec la ville de Derna, victime d'intempéries qui ont causé la mort et la disparition de près de 15 000 personnes, en septembre dernier. Une décision prise en solidarité également avec la ville de Zleiten qui connait, depuis plus d'un mois, une montée incompréhensible du niveau de l'eau souterraine.

Tripoli rappelle que Benghazi avait fêté, le mois dernier, en grande pompe, le choix de cette ville comme capitale mondiale de la culture islamique. Quinze milliards de dinars libyens ont alors été dépensés, sans l'accord de quelque autorité administrative que ce soit.

La Libye souffre d'un niveau très élevé de corruption, dans toutes les administrations de l'État, mais également du gaspillage des dépenses publiques.

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