Même si le Programme général de l'Etat mise sur le secteur minier, les projections risquent d'être faussées car le pays est aussi exposé aux effets néfastes de la crise que traverse actuellement la filière nickel.
Le « métal du diable », comme on le qualifie à cause de l'extrême volatilité de ses prix, traverse actuellement une situation critique.
Chute vertigineuse
Depuis plusieurs mois en effet, les cours du nickel sont au plus bas et la chute a continué en ce début d'année. A voir les statistiques publiées par le London Metal Exchange (LME), la bourse mondiale des métaux, l'on assiste à un véritable coup de tonnerre puisque le nickel est descendu sous la barre des 16 000 dollars la tonne.
Une chute vertigineuse quand on sait qu'en janvier 2023, les cours étaient entre 28 000 dollars US et 30 000 dollars US. Une baisse qui se rapproche des 50% et qui est due essentiellement à une demande qui reste faible et une offre qui demeure encore importante. Outre, la stagnation de l'économie chinoise, premier importateur mondial, ce recul des cours s'explique, également, par la substitution des batteries à base de nickel par celles qui sont fabriquées avec du fer, du phosphate, des métaux bien plus abondants et encore moins chers.
Aide de l'Etat
En somme, le marché du nickel est en plein brouillard et la filière est menacée, partout dans le monde. C'est le cas, notamment en Australie, le cinquième producteur mondial où de nombreux projets sont à l'arrêt. Dans le monde, pas moins d'une quinzaine de projets sont suspendus ou pratiquement abandonnés. Pour survivre des compagnies ont même demandé de l'aide à l'Etat, notamment sous forme de crédit d'impôts. La crise du nickel frappe également les pays vulnérables. A l'instar de la Nouvelle Calédonie, dont les trois unités d'extraction de transformation du nickel risquent la fermeture si le marché n'évolue pas favorablement ou si des solutions ne sont pas trouvées.
Retour à la normale souhaité
Madagascar fait, également, partie des pays exposés aux conséquences néfastes de cette dégringolade des cours du nickel. « Il y a une menace » déclare Philippe Beaulne, vice-président d'Ambatovy. Ce grand projet minier a d'ailleurs été obligé de réviser son volume de production, l'année dernière. Mais les dirigeants de l'entreprise n'entendent pas baisser les bras et espèrent une embellie dans les mois ou les années qui viennent. Et pourtant des analystes tablent sur un délai de deux ou trois ans pour un rétablissement des cours.
Un retour à la normale qui est évidemment souhaité pour Madagascar où le nickel d'Ambatovy figure parmi les grands contributeurs de l'économie. Premier pourvoyeur en devises, cette filière fournit également pas moins de 343 millions de dollars de biens et services locaux dont 100 millions de dollars dans les deux régions d'implantation, Alaotra Mangoro et Atsinanana. Elle contribue également à 43 millions d'impôts et taxes et fournit 4 000 emplois directs et des milliers d'emplois induits, notamment à travers ses sous-traitants locaux.