Homeshwaree Ramessur, née Damri, 33 ans, qui vit à Pointe-des-Lascars, est décédée, mercredi soir, à l'hôpital SSRN à Pamplemousses, après avoir été testée positive à la dengue. Mais la cause de son décès a été attribuée, après l'autopsie effectuée jeudi, à une septicémie. Ses proches reviennent sur cette tragique disparition.
Goy Damri, l'oncle d'Homeshwaree Ramessur, qui vit à Goodlands, est dévasté par la soudaine disparition de sa nièce, à un si jeune âge. Il raconte qu'Homeshwaree Ramessur est mariée et mère d'un fils de 14 ans, qui a des ennuis de santé depuis la naissance. Samedi dernier, elle a décidé de venir rendre visite à ses proches à Goodlands où elle a passé quelques jours.
«C'est le lundi 12 février qu'elle a commencé à se sentir mal. Elle s'est alors rendue à la Mediclinic de Goodlands», soutient Goy Damri. Dans ce centre de santé, elle s'est même fait dépister contre le Covid-19 et son test antigénique était négatif. «Tous pensaient qu'il s'agissait d'une gastro. Elle est rentrée à la maison chez nous.» Mais mardi, relate l'oncle, l'état d'Homeshwaree Ramessur s'était détérioré.
«Dans un premier temps, elle croyait que son état était dû à ses règles mais cela se voyait qu'elle n'en pouvait plus. Elle était vraiment mal en point.» Homeshwaree Ramessur s'est rendue une deuxième fois à la Médiclinic, cette fois en compagnie de la fille de Goy Damri. «Elle avait alors une très forte fièvre.» C'est là qu'elle a été testée positive à la dengue et a été transférée à l'hôpital SSRN à Pamplemousses où elle est décédée à 22 h 30, mercredi. Ses funérailles ont eu lieu à Pointe-des-Lascars, jeudi.
Homeshwaree Ramessur
«Elle est morte en seulement trois jours. Elle n'a eu que trois jours de maladie. On ne comprend pas», déclare son oncle incrédule et encore sous le choc. Souffrait-elle d'un problème de santé, de comorbidités ? Selon son oncle, elle était asthmatique mais pas au point d'avoir à suivre un traitement. Et elle ne souffrait d'aucune autre maladie. Employée dans une usine à Goodlands, elle faisait tout pour son fils. «C'est vraiment très difficile pour la famille d'accepter sa disparition.»
Goy Damri, qui est aussi conseiller de district de Goodlands, explique que depuis que sa nièce a été testée positive à la dengue, aucun fonctionnaire du ministère de la Santé n'a contacté la famille pour faire de la fumigation, par exemple, qui, estime-t-il, est pourtant si importante. «Il y a beaucoup de cas à Goodlands et c'est le deuxième décès dans la région.» (NdlR: une femme de 48 ans est décédée, le 2 février dernier. Elle habitait également Goodlands). Goy Damri assure qu'il sollicitera le conseil de district et le ministère de la Santé sous peu pour voir comment il est possible d'intensifier les exercices de fumigation.
Selon le communiqué émis par le ministère de la Santé, hier, vendredi 16 février, il y a 643 cas actifs et 1 109 cas détectés depuis le 11 décembre 2023 à Maurice et deux décès enregistrés, soit une femme de 48 ans souffrant de comorbidité et un homme de 88 ans, souffrant également de complications de santé. A Rodrigues, il y a 222 cas actifs contre 347 cas détectés depuis le 11 décembre 2022 et aucun décès.
Pourquoi la fumigation se fait-elle en journée ? C'est la question qu'on est en droit de se poser cette année. Lors des années précédentes, l'exercice se faisait à la tombée de la nuit, au moment où les moustiques sont actifs. Cette année, des membres du personnel du ministère ont confié qu'une des raisons serait pour réduire les coûts. D'ailleurs, on avance aussi que lors des années précédentes, des employés d'autres ministères venaient prêter main-forte pour que l'exercice se fasse rapidement, ce qui n'était pas le cas jusqu'à jeudi. Depuis, plusieurs équipes seraient déployées sur le terrain. Certains fonctionnaires se plaignent d'avoir reçu de petits sprayers au lieu de la machine habituelle, ce qui retarde davantage le travail. «De plus, il y a une période à respecter pour répéter l'exercice. Mais cette année, si le jour de la fumigation tombe un dimanche, l'exercice se fait alors le lundi» explique-t-on.
Forte mobilisation sur le terrain
Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, participait hier à une campagne de fumigation à Les Salines. Il a notamment indiqué que «...zordi nou finn deklar la lutte, le combat kont la dengue». D'ajouter que les cas sont plus concentrés dans les régions telles que Port-Louis, le nord du pays dont Goodlands, Baie-du-Tombeau ou encore Triolet. Selon le ministre, il y a un protocole déjà établi dans les centres de santé pour la détection des cas et à l'heure actuelle, quelque 80 malades infectés par la dengue sont admis. D'autres sont chez eux mais suivis par les Domiciliary Monitoring Units.
Le Vector Control Unit, explique Kailesh Jagutpal, est aussi présent sur le terrain pour étudier la densité des moustiques et des larves. Et deux grosses équipes de quelque 100 personnes chacune ont été constituées pour la fumigation et le larvicide. Ce sont des fonctionnaires du bureau des sanitaires, ceux du ministère de l'Environnement, les hommes de la Special Mobile Force et ceux de la Special Supporting Unit, entre autres. Dix à 15 autres équipes de 25 personnes chacune ont aussi été constituées pour se rendre dans les régions moins touchées. Ensemble, ils couvriront toute l'île, a poursuivi le ministre.
A la question de savoir si la dengue pourrait devenir endémique, Kailesh Jagutpal a indiqué que seul le temps le dira. Il se peut que les fonctionnaires de la Santé arrivent à le combattre en quelques semaines avec les mesures mises en place...