Ça y est, c'est fait ce 15 février 2024. Le Conseil constitutionnel vient de retoquer la loi votée à l'Assemblée nationale et le décret repoussant l'élection présidentielle. Le droit est dit, la Constitution est respectée. Les juges constitutionnels viennent ainsi de redonner à la démocratie au Sénégal un éclat terni ces derniers temps. La pression devrait en principe retomber.
Peu avant cette décision juridique majeure, ce sont les intellectuels sénégalais qui sont sortis de leurs laboratoires et leurs centres de recherche pour dénoncer publiquement la tentative de manipulation de la loi fondamentale par le président Macky Sall. Ils l'ont fait dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.
J'ai partagé cette vidéo avec certains de nos universitaires togolais. Des réponses reçues, une a retenu mon attention. Elle disait « Au Togo, le pouvoir est trop brutal pour qu'on se permette ces prises de position ». Je n'ai pas jugé utile de répondre à son message, ayant déjà à plusieurs reprises évoqué le sujet avec lui.
Cette attitude des intellectuels togolais fait un tort à la lutte du peuple et il est difficile de comprendre les motivations de chacun. Une chose est certaine, la majorité des universitaires préfère vivre cacher et se contenter d'espérer qu'un jour le pouvoir ne leur reproche rien et leur octroie un poste. Quelques autres font du zèle et sont parfois projetés dans les hautes sphères de l'Etat.
Il revient aux jeunes universitaires de ne pas tomber dans cette complicité tacite par le silence avec un pouvoir autocrate. Un intellectuel, il doit exprimer sa pensée, pas uniquement sur le savoir de sa science, mais aussi sur les politiques publiques, surtout quand le sort de sa communauté est en jeu.
C'est donc un devoir dû à la Nation, un devoir dû au peuple. Les intellectuels togolais ont beaucoup à offrir à leurs concitoyens. Il est temps qu'ils s'y mettent vraiment. Notre espérance est grande.
Gamesu
Nathaniel Olympio
Président de Kekeli
Cercle des Etudes Stratégiques Sur l'Afrique de l'Ouest.