-La course aux contrats lancée
Le paysage médical de Maurice subit une révolution discrète mais significative depuis que l'hôpital Victoria, à Candos, a introduit le traitement à base de cannabis en septembre dernier. Ce projet novateur a attiré l'attention et suscité à la fois l'enthousiasme et la controverse au sein de la population.
Alors que les premiers patients bénéficient de traitements à base de cannabis, les coulisses de ce projet révèlent un paysage complexe où les intérêts économiques, politiques et médicaux se croisent de manière intrigante. La compétition pour obtenir les précieux contrats de production fait rage entre les grands propriétaires terriens, notamment les propriétés sucrières, et des particuliers possédant de vastes parcelles de terres. Un lobbying intense serait déjà en cours pour influencer la décision finale dans l'attribution de ces contrats lucratifs.
Depuis le feu vert du conseil des ministres en août 2021 pour un projet pilote de culture du chanvre à Maurice, les spéculations vont bon train quant à qui obtiendrait les précieux contrats d'importation et de production. Cependant, la question de culture locale du cannabis industriel reste en suspens. Bien que des discussions aient eu lieu sur la création d'un comité national de pilotage pour superviser cette activité, aucune réglementation concrète n'a encore été mise en place. Cette lacune crée un vide juridique qui pourrait être exploité par des acteurs peu scrupuleux, menaçant ainsi l'intégrité de l'industrie naissante du cannabis médical à Maurice.
En effet, sans une loi solide pour encadrer la production et la transformation locale du cannabis, le risque de pratiques abusives et malhonnêtes reste une préoccupation majeure. De plus, l'absence d'études concrètes sur la culture locale soulève des doutes quant à la viabilité à long terme de cette entreprise. L'absence de réglementations claires pour la culture du cannabis a engendré une tension palpable entre les établissements sucriers et les particuliers désireux d'obtenir le contrat lucratif pour la production de ce précieux médicament.
Compagnie sud-africaine
Par ailleurs, le ministère de la Santé avait annoncé que seuls les produits autorisés par des organismes de réglementation internationaux seraient achetés. Cependant, des informations récentes indiquent que le contrat d'importation a été attribué à une société sud-africaine, suscitant des interrogations sur un éventuel favoritisme politique. Ce qui rend cette affaire particulièrement préoccupante, c'est le soupçon selon lequel un proche du pouvoir aurait des liens avec cette société sud-africaine, ce qui aurait facilité l'obtention du contrat. Cette allégation soulève des questions sur l'équité des processus d'attribution de contrats ainsi que sur la transparence des transactions commerciales impliquant des entreprises liées au gouvernement.
Dans l'ensemble, l'introduction du cannabis médical à Maurice représente à la fois une opportunité de progrès médical et un défi pour le pays. Alors que les patients bénéficient des bienfaits potentiels de cette plante, il est impératif que les autorités veillent à ce que son exploitation soit réalisée de manière éthique, transparente et conforme aux normes internationales telle que le préconise la loi. L'avenir de l'industrie du cannabis médical à Maurice dépendra largement de la capacité du gouvernement à naviguer dans ce paysage complexe et à garantir que les intérêts des patients et du public prévalent sur les intérêts privés et politiques.