Moins d'un enfant sur dix dans les pays à faible revenu a accès aux allocations familiales
« Moins d'un enfant sur dix dans les pays à faible revenu a accès aux allocations familiales », constatent l'Organisation internationale du travail (OIT) Save the Children et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), alors qu'elles constituent une forme essentielle de protection sociale, destinée à promouvoir le bien-être à long terme de ces enfants.
D'après les nouvelles données publiées par ces trois organisations, « 1,4 milliard d'enfants, âgés de moins de 15 ans, ne bénéficient d'aucune forme de protection sociale ».
L'absence de protection sociale est préoccupante dans ce sens que cela «les rend vulnérables aux maladies, aux lacunes en matière d'éducation, à une mauvaise alimentation, à la pauvreté et aux inégalités », ont indiqué les trois agences dans un récent rapport.
La couverture des prestations pour enfants en Afrique du Nord
est passée de 22,7% à 32,5%, entre 2009 et 2023
Versées en espèces ou sous forme de crédits d'impôt, les allocations familiales sont essentielles pour réduire la pauvreté et permettre aux enfants d'accéder aux soins de santé, à la nutrition, à une éducation de qualité, à l'eau et à l'assainissement.
Cependant, il se trouve que « de nombreux enfants sont privés des ressources et des services de base dont ils ont besoin pour échapper à la pauvreté et sont donc exposés à l'impact durable de la faim, de la malnutrition et d'un potentiel non réalisé », soulignent les trois organisations rappelant que ces prestations soutiennent en outre le développement socioéconomique, en particulier en période de crise.
Le document rendu public mercredi 14 février note toutefois une modeste augmentation globale de l'accès aux allocations familiales sur une période de 14 ans. En effet, les données montrent qu'elles sont passées de 20% en 2009 à 28,1% en 2023, mais que les progrès sont inégaux.
Il est à noter que les taux de couverture restent extrêmement bas, aux alentours de 9%, dans les pays à faible revenu tandis que, dans le même temps, 84,6% des enfants des pays à revenu élevé sont couverts.
Les données recueillies suggèrent aussi que les taux de couverture des enfants dans les pays très vulnérables à l'impact du changement climatique sont inférieurs d'un tiers à ceux des pays qui ne sont pas classés comme étant à haut risque, comme le rapportent les trois agences.
Pour Natalia Winder Rossi, directrice de la politique sociale et de la protection sociale à l'UNICEF, « il est essentiel d'étendre la couverture de la protection sociale des enfants dans la lutte contre la pauvreté, notamment par la mise en place progressive d'allocations familiales universelles ».
Trop d'enfants sont encore laissés pour compte
De l'avis de cette dernière, «mettre fin à la pauvreté des enfants est un choix politique» et cela devient urgent d'autant plus que 333 millions d'enfants vivent dans l'extrême pauvreté dans le monde, « luttant pour survivre avec moins de 2,15 dollars par jour, et près d'un milliard d'enfants vivent dans une pauvreté multidimensionnelle ».
C'est dire qu'« il est urgent d'élaborer des politiques efficaces pour nous aider à combler les lacunes en matière de protection », comme le suggère Shahra Razavi, directrice du département de la protection sociale de l'OIT, rappelant que « c'est une crise qui concerne près d'un milliard d'enfants qui ne sont pas couverts par des prestations et pour les pays dans lesquels ils vivent ».
Les prestations pour enfants sont essentielles pour construire des économies inclusives et résilientes
Si les prestations pour enfants permettent aux familles de mieux se nourrir, de mieux se soigner, de mieux s'éduquer et de mieux se protéger, et donc essentielles pour construire des économies inclusives et résilientes pour l'avenir, force est de constater que « de nombreux pays n'ont pas donné la priorité à l'investissement dans la protection sociale », déplore pour sa part David Lambert Tumwesigye, responsable mondial de la politique et du plaidoyer en matière de pauvreté infantile, Save the Children International.
Face à cette situation, l'OIT, Save the Children et l'UNICEF exhortent les décideurs politiques et les donateurs à prendre des mesures décisives pour parvenir à une protection sociale universelle pour tous les enfants.
Ces trois organisations appellent ainsi à construire des systèmes de protection sociale fondés sur les droits, sensibles au genre, inclusifs et réactifs aux chocs ; combler le « déficit de financement » ; fournir une gamme complète de prestations pour enfants par le biais de systèmes nationaux de protection sociale qui relient également les familles à des services sociaux et de santé essentiels ; garantir un financement durable des systèmes de protection sociale en mobilisant les ressources nationales et en augmentant les investissements publics en faveur des enfants ainsi qu'à renforcer la protection sociale des parents et des personnes qui s'occupent des enfants en garantissant l'accès à un travail décent et à des prestations adéquates.