Ile Maurice: Rencontre avec l'agent «koltar», Sawan Beeharry...

18 Février 2024

Anjiv Ramdhany, ministre de la Fonction publique, aurait eu un accrochage avec Sawan Beeharry, un agent «koltar» du MSM. L'homme a porté plainte au poste de police de Goodlands dans la soirée du 10 février, mais s'est ensuite rétracté. Au vu de la confusion autour de cet incident, nous l'avons sollicité et il a accepté de nous rencontrer à Goodlands mercredi soir...

Mais revenons d'abord sur cette affaire. Dans la soirée du 10 février, Sawan Beeharry, 39 ans, attendant au ministère du Commerce et domicilié à Goodlands, fait une déposition au poste de police de Goodlands. Selon ses dires, dans la nuit du 9 février, des individus sont venus frapper à sa porte. Il a vu deux policiers en uniforme. Ils ont commencé à le gifler. Il a réussi à leur échapper et est sorti dans sa cour. Là, il a vu le ministre Anjiv Ramdhany, vêtu d'un T-shirt orange et d'un jean bleu, qui l'aurait également giflé, selon ses dires. La raison ? L'agent aurait envoyé un texto au ministre disant: «Ou pé fer zis pou ou kalité ek ou fami.»

Toujours selon Sawan Beeharry, il y avait un autre policier en civil. Ils sont ensuite tous montés dans leurs véhicules et sont partis. Sawan Beeharry affirme avoir été soigné à la Mediclinic de Goodlands après l'incident. L'agent du MSM a relaté son vécu en direct sur Facebook. Il avait retenu les services de Me Sanjeev Teeluckdharry. Mais plus tard, Sawan Beeharry s'est rétracté, affirmant qu'il retirait sa plainte à la police contre le ministre et alléguant que c'était l'opposition qui l'avait forcé à faire de fausses accusations...

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«(...)avec tout mon amour et mon coeur»

«Il ne s'agit plus d'un incident car j'ai déjà retiré ma plainte. Dans une famille, deux frères ont le droit d'avoir des problèmes», nous dit-il lorsque nous prenons contact avec lui. «Le ministre Anjiv Ramdhany et moi sommes de bons amis, nous avons eu un problème, c'est fini maintenant...» Un incident s'estil donc bien produit ou s'agit-il de fausses accusations ? «J'ai cité l'opposition mais je n'ai pas dit qui exactement. Il peut s'agir de l'opposition au sein du conseil de village...»

Mettant de côté les incohérences dans ses réponses, nous le questionnons sur les diverses informations qui circulent, selon lesquelles il aurait exercé des pressions et fait du chantage en réclamant une somme de Rs 200 000, ou qu'il aurait dit avoir été menacé après avoir déposé sa plainte qu'il y aurait des répercussions s'il ne se rétractait pas. «En toute conscience, avec tout mon amour et mon coeur, j'ai retiré ma plainte. J'ai travaillé pendant 20 ans pour le MSM bénévolement et je n'ai jamais pris une seule roupie à qui que ce soit.»

Sawan Beeharry nous dit également qu'il est prêt à nous rencontrer à Bois-Rouge, Goodlands, pour un entretien. Pendant ce temps, il passe le téléphone à un autre interlocuteur, qu'il présente comme son 'avocat' (NdlR, ce n'était pas Me Teeluckdharry) dont il refuse de nous dire le nom. Ce dernier réitère que Sawan Beeharry a présenté ses excuses au ministre et retiré sa plainte, donc selon lui, il n'y a rien d'autre à dire dans cette affaire. Partageant tout de même que l'agent du MSM nous accueillera de bon coeur chez un proche à Goodlands, mais qu'il ne voudra pas que nous prenions de photo ou fassions de vidéo.

Sollicité, le Police Press Office nous informe cependant que bien que Sawan Beeharry se soit rétracté, l'enquête est en cours et la version du ministre est attendue. Aucun détail concernant l'interrogatoire des policiers accusés dans cette affaire et l'interrogatoire de l'agent du MSM lui-même pour avoir fait de possibles fausses accusations n'a pu nous être communiqué.

Sur place, à Bois-Rouge, Goodlands, près d'une boutique du quartier, Sawan Beeharry nous accueille, avec deux autres habitants de l'endroit. L' «avocat» qui nous a parlé au téléphone est cependant parti avant de nous rencontrer. Nous demandons à nouveau qui est cet homme, mais Sawan Beeharry ne veut pas nous donner de détails. Au coin d'une rie, des passants et des habitants du village nous observent déjà. En compagnie d'un collègue, nous lui montrons notre carte de presse avant de converser et ses yeux se portent sur nos téléphones que nous tenons à la main. «Est-ce que vous êtes en train d'enregistrer», nous demandet-il et, avant même que nous ne puissions répondre, il nous les confisque sans notre consentement pendant un bon moment. L'agent du MSM ne voulait pas en dire plus que ce qu'il nous avait déjà dit au téléphone.

Entre-temps, d'autres personnes sont déjà regroupées autour de nous par curiosité. Par la suite, on nous a rendu nos téléphones et alors que nous nous apprêtions à partir, l'agent de MSM nous a demandé de le recontacter par téléphone pour obtenir des détails supplémentaires qu'il souhaitait partager. Le soir, nous avons reçu un appel de Sawan Beeharry. Nous lui avons à nouveau demandé des détails sur la personne qu'il nous a présentée comme son avocat au téléphone, ainsi que toute autre information qu'il souhaiterait nous communiquer. Mais il a maintenu qu'il n'avait rien à dire, nous laissant une fois de plus en pleine confusion...

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