La confluence de la hausse des taux d'intérêt mondiaux, de l'élargissement des écarts de rendement de la dette souveraine et de la dépréciation des taux de change a augmenté les coûts du service de la dette. Ceci ressort de l'édition de février 2024 du rapport « Performances et perspectives macroéconomiques de l'Afrique » publié par la Bad en marge de la 37e session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine tenue à Addis Abeba (Éthiopie) le 16 février 2024.
Dans ce contexte, le président de la Banque africaine de développement (Bad) a indiqué lors de la cérémonie de lancement dudit rapport qu'en novembre 2023, 21 pays africains présentaient un risque élevé de surendettement ou étaient déjà en situation de surendettement.
Akinwumi A. Adesina a confié dans le même sillage que les écarts de rendement des dettes souveraines se sont atténués par rapport au pic atteint au début de 2023, mais les coûts d'emprunt devraient rester élevés malgré les baisses de taux prévues en Europe et aux États-Unis.
« Nous prévoyons que la croissance économique retrouvera une vigueur modérée tant que l'économie mondiale résistera, que la désinflation se poursuivra, que les investissements dans les projets d'infrastructure resteront dynamiques et que des progrès soutenus seront accomplis en matière de restructuration de la dette et d'assainissement budgétaire », a-t-il précisé.
Toutefois, M. Adesina a relevé que d'importants risques de détérioration des perspectives subsistent, tels que la persistance de l'inflation. Il a énuméré aussi que les tensions géopolitiques croissantes, susceptibles de perturber les flux commerciaux et d'investissement, pourraient faire grimper les prix des denrées alimentaires et des matières premières et retarder l'assouplissement indispensable des conditions monétaires à l'échelle mondiale.
Cela compromettrait à son tour, selon lui, l'assainissement budgétaire. Il a souligné que la multiplication des conflits régionaux et l'instabilité politique ont tendance à accroître les dépenses de défense, ce qui détourne des ressources du développement et de l'aide sociale.
Pour le président de la Bad, stimuler la dynamique de croissance de l'Afrique nécessite des politiques audacieuses. En ce sens il a souligné que la lutte contre l'inflation persistante nécessitera une combinaison de politiques monétaires restrictives, associées à un assainissement budgétaire et à des taux de change stables.
Mais, d'après lui, les réformes structurelles et les politiques industrielles et agricoles stratégiques restent la clé pour accélérer la diversification économique et renforcer le secteur des exportations. « Il est possible de renforcer la transformation structurelle en investissant dans le capital humain », a-t-il lancé.
Sur le front budgétaire, Akinwumi A. Adesina est d'avis qu'il est nécessaire de mobiliser des ressources intérieures et d'accélérer la mise en oeuvre des réformes. Par exemple, a-t-il ajouté, il sera essentiel de numériser et de simplifier les systèmes d'administration fiscale et de formaliser l'économie informelle.
« Parallèlement, nous recommandons de renforcer la gouvernance et d'institutionnaliser la capacité de gestion de la dette. Il est également très souhaitable de réformer l'architecture financière mondiale pour qu'elle soit mieux adaptée à l'Afrique », a-t-il confié enfin.