Des chercheurs rwandais affirment que les techniques visant à cultiver les espèces végétales génétiquement modifiées actuellement dans la phase d'expérimentation au champ en milieu confiné peuvent contribuer aux efforts actuels visant à accroître la productivité agricole en vue d'assurer la sécurité alimentaire au Rwanda.
Alors que le parlement rwandais a d'ores et déjà adopté le projet de loi régissant les OGM en attendant sa promulgation par le Président de la République, les scientifiques rwandais se mobilisent pour l'adoption de ces techniques réalisées essentiellement au niveau des laboratoires et qui permettent d'ajouter de nouveaux gènes, ou de supprimer ou modifier des gènes déjà présents dans certaines cultures couramment pratiquées au Rwanda.
Du point de vue des acteurs du secteur agricole, le principal objectif du projet de loi est d'établir un niveau adéquat de protection dans le domaine du transfert et de l'utilisation sécuritaires d'organismes vivants modifiés, résultant de la biotechnologie moderne, qui peuvent nuire notamment à la santé humaine.
Au moment où la population rwandaise ne cesse de croître, les chercheurs agricoles estiment primordial de redoubler d'efforts et d'innover avec les organismes génétiquement modifiés afin d'augmenter durablement la production agricole.
Selon Dr. Athanase Nduwumuremyi, Coordinateur national au Rwanda du Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB), une convention de collaboration entre la Fondation Africaine pour les Technologies Agricoles (AATF) et l'Office Rwandais de Développement de l'agriculture et des ressources animales (RAB), accroître la productivité agricole par recours à la biotechnologie reste un enjeu important pour le Rwanda qui est confronté à une forte croissance démographique.
"Les compositions génétiques de la plupart des plantes modifiées qui entrent dans la composition de l'alimentation [au Rwanda] ont prouvé leur efficacité de produire plus de nourriture, plus facilement et éventuellement de façon plus écologique", a-t-il déclaré.
Protocole de Cartagena
Alors que les chercheurs considèrent l'agriculture biotechnologique comme un nouvel instrument qui va permettre de résoudre les problèmes de la faim et de l'usage abusif des pesticides, le débat reste houleux au Rwanda, au moment où le pays est dans la phase de faire son choix clair quant à l'utilisation extensive des Organismes génétiquement modifiés (OGM).
Le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques encourage les parties signataires qui facilitent la sensibilisation, l'éducation et la participation du public concernant le transfert, et la consommation sans danger d'organismes génétiquement modifiés.
Au moins une dizaine de pays africains sont signataires de ce protocole auquel le Rwanda préconise d'adhérer une fois que la loi régissant les OGM sera promulguée par le Président Paul Kagame.
D'après Pacifique Nshimiyimana, membre fondateur de l'Alliance pour la Science au Rwanda, une plateforme regroupant différentes parties prenantes dans le domaine de la biotechnologie agricole, l'introduction d'OGM pour l'Afrique et le Rwanda en particulier offre de nouvelles opportunités pour une sécurité alimentaire durable.
Pour l'instant, Dr. Nduwumuremyi, qui est chercheur principal de l'Office Rwandais de Développement de l'agriculture et des ressources animales (RAB), se focalise sur l'utilisation confinée des micro-organismes génétiquement modifiés en vue de concevoir une nouvelle variété de manioc résistante à quelques maladies fréquentes au Rwanda.
Selon lui, le manioc produit par génie génétique s'est avéré être une culture qui ne présente pas de toxicité et d'écotoxicité que celle des autres aliments classiques.
«Il ne faut pas effrayer le public en prétendant que ces plantes représentent un danger pour la santé humaine », affirme-t-il.
Garantir l'innocuité
Bien que le Rwanda se mobilise activement dans la biotechnologie à travers la culture in vitro des tissus végétaux, le pays n'est pas encore engagé dans la production commerciale de cultures génétiquement modifiées.
« Les OGM représentent une alternative pour le pays de faire face aux menaces sur la sécurité alimentaire à l'heure du changement climatique et d'une croissance démographique sans précédent », observe le chercheur rwandais.
Les récentes données officielles publiées par l'Autorité Rwandaise pour la Protection de l'Environnement (REMA, sigle en anglais) montrent que la superficie totale des terres arables au Rwanda est d'environ 1,4 million d'hectares, soit 52 % de la superficie totale du pays. Toutefois, a en croire la même source, la superficie réelle cultivée a dépassé 1,6 million d'hectares au cours des dernières années.
Les projections officielles montrent que la population actuelle du Rwanda estimée à 13.6 million va accroitre jusqu'à environ d'ici 2023 avec la rareté des terres qui risque de constituer une nouvelle menace sur la sécurité alimentaire.
«Les OGM s'avère une solution indispensable pour relever ces défis au pays », affirme le chercheur rwandais.
Un essai en champ confiné mené jusqu'à ce jour au Rwanda a des fins de recherche a montré que le manioc transgénique et le manioc conventionnel ont des « résultats nutritifs équivalents »
En attendant la promulgation de la loi sur les OGM au Rwanda, des chercheurs gardent espoir pour satisfaire d'autres exigences du cadre réglementaire dont la mission principale sera de garantir l'innocuité de ces OGM pour la santé publique et l'environnement dans ce pays d'Afrique de l'Est.