Sénégal: Rose Wardini, un 'faux raccord' d'une présidentielle inédite

Rose Wardini

Dakar — Se retirer de la course à l'élection présidentielle après avoir franchi tous les obstacles n'était sans doute pas un scénario envisagé par Rose Wardini, obligée de jeter l'éponge à la suite de son inculpation et son placement sous contrôle judiciaire.

La présidente du mouvement Sénégal Nouveau, placée sous contrôle judiciaire à la suite de la découverte supposée de sa double nationalité sénégalaise et française, a annoncé, lundi à Dakar, le retrait de sa candidature à l'élection présidentielle.

"Après avoir longuement réfléchi sur la situation politique actuelle du pays et soucieuse comme l'ensemble des citoyennes et concitoyens de la nécessité de faire des efforts utiles à la préservation de la paix sociale, consciente des valeurs dont je suis porteuse et auxquelles je suis profondément attachées et qui fondent mes actions de tous les jours (....) vu mon attachement aux valeurs républicaines (...) j'ai décidé, en toute souveraineté, et après large concertation avec mes compagnons du mouvement Sénégal nouveau, mes parents et amis, de retirer ma candidature à l'élection présidentielle", a-t-elle déclaré en conférence de presse.

"Le jour finira par se lever très bientôt sur une certitude, la renonciation à cette nationalité tant décriée. Toutes les preuves attestant de la sincérité de ma déclaration sur l'honneur" seront mises à la disposition du juge, a-t-elle ajouté.

Après avoir passé avec brio l'étape du parrainage et du contrôle de régularité de sa candidature à l'élection présidentielle par le Conseil constitutionnel, le docteur Wardini a été rattrapée par des accusations de parjure au sujet de sa déclaration sur l'honneur versée à son dossier de candidature.

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Elle est notamment accusée de ne s'être prévalue que de la nationalité sénégalaise alors qu'elle disposerait par alliance du statut de citoyenne française. Au Sénégal, il faut être exclusivement de nationalité sénégalaise pour briguer la magistrature suprême, selon la loi électorale.

Tout semblait pourtant marcher comme sur des roulettes pour la native de Kaolack, une des belles histoires du contrôle de régularité des candidatures à l'élection présidentielle. Passant sans difficulté l'étape des parrainages à la surprise de bon nombre d'observateurs qui n'ont sans doute pas mesuré, le parcours, l'engagement, l'investissement et l'ambition de la présidente de l'ONG, Médecine pour la solidarité (Medisol).

Issue d'une célèbre famille libano-sénégalaise originaire de Latmingué, au coeur du Saloum, Rose Wardini dont la mère est originaire du Baol, est une gynécologue obstétricienne qui s'est distinguée depuis plus de dix ans avec sa structure Medisol, dans des actions humanitaires à travers notamment ses fameuses caravanes médicales gratuites à travers le pays.

Son engagement tient d'un serment fait à sa mère : celui de toujours oeuvrer en faveur des démunis. Une promesse qu'elle s'est évertuée à respecter depuis qu'elle est devenue médecin au début des années 1990.

Après une scolarité brillante sanctionnée par un baccalauréat série scientifique au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack, Rose Wardini débarque à l'université de Dakar. Elle rejoint en 1984 son mari en Côte d'Ivoire malgré qu'elle avait déjà entamé ses études de médecines.

Elle poursuivra ses études dans ce pays. Le Doctorat en poche, Rose Wardini revient à Dakar pour démarrer sa spécialisation en gynécologie qu'elle termine en 1992.

Elle organise des caravanes médicales gratuites depuis 2003 au profit des populations et personnes démunies.

Parmi ses dix frères et soeurs, on compte le Colonel Antoine Wardini, ancien Commandant de la zone militaire numéro 5 (Centre) et directeur des Relations Publiques des Armées (DIRPA), Soham El Wardini, maire de Dakar par intérim et Emile Wardini, ancien banquier.

Rose Wardini est la plus jeune des filles dans cette famille de onze enfants dont huit garçons et trois filles.

Elle promettait dans son programme de mettre en oeuvre une politique de développement inclusif, mettant notamment l'accent "sur la création d'emplois, une éducation de qualité, un accès favorable des populations aux soins médicaux, la formation, le développement de l'entrepreneuriat et la protection de l'environnement".

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