Madagascar: La possibilité d'une île

C'est une belle saison des pluies que nous avons. Il ne faut pas s'en plaindre, parce qu'on regrettera toute cette eau quand viendra l'étiage. Mon plaidoyer pour un ou plusieurs lacs artificiels qui emmagasinent cette eau, qu'actuellement on laisse se perdre, remonte à au moins une douzaine d'années : dans la Chronique du 9 novembre 2012 («Au carrefour des décisions», j'écrivais déjà : «J'azertise sous une pluie battante. Cette eau, si précieuse, demain, dans les journaux, et tous les médias, on se plaindra de sa trop grande générosité, provoquant inondations dans des quartiers de toutes manières inondables. Plutôt que de se soucier d'un lac-réservoir de rétention et de régulation en amont de la Capitale, on va s'époumoner vainement à pomper l'eau excédentaire d'une zone où, naturellement, elle avait sa place, et avec laquelle les Anciens avaient trouvé le modus vivendi des rizières nourricières du Betsimitatatra».

La succession de grosses pluies offre un spectacle réjouissant sur le bypass : l'eau, qu'on avait enterrée sous des remblais illicites (illicéité pas tant par rapport à des textes qu'en regard du bon sens), reprend doucement ses droits. Et je me plais à croire en la possibilité d'une île quand je vois cette usine à Ifarihy (littéralement, à-l'endroit-du-lac) se faire entourer par une eau qui a oublié de se retirer depuis les formidables inondations de janvier 2022.

La société «Habibo» pourrait avoir la bonne idée de sanctuariser cet espace aquatique : ainsi, l'eau, plutôt que de les assiéger, serait magnifiée en douves qu'on enjamberait par un pont-levis.

Plus globalement, la pisciculture, que la politique gouvernementale souhaite encourager, trouverait à se développer dans ces plaines dont l'eau a gardé la mémoire pour revenir en faire son lit. Ce serait une forme de tabouisation, l'instauration d'un «fady» générateur de revenus, qui réconcilierait les besoins humains avec le respect de la Nature et de son paysage.

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