Tunisie: Choix des Compétitions sportives - Nous devons évoluer...

20 Février 2024

Dans bien des disciplines, nous n'avons plus le même niveau que bon nombre des nations du Sud du Sahara. Même au niveau du Maghreb, nous éprouvons de plus en plus de difficultés pour nous imposer ou arracher l'égalité. Est-ce une honte de l'avouer ?

Les sports collectifs sont de ceux qui ne pardonnent pas la léthargie et la nonchalance. Il est vrai que ces pays du sud du Sahara possèdent une population plus nombreuse et des motivations supérieures aux nôtres. Un joueur qui perce et c'est toute la famille qui est sauvée des difficultés quotidiennes. Mieux que cela, des centres de prospection et de formation sont implantés aux frais de grands clubs européens dans ces pays qui grouillent de jeunes et moins jeunes. Les meilleurs éléments détectés sont acheminés vers les centres de formation de la métropole où ils sont pris en charge de A jusqu'à Z. La naturalisation est au bout et les têtes d'affiches dans les compétitions les plus huppées de la planète constituent les récompenses qui attendent ces éléments.

Quant à nos jeunes, privés d'espaces, le béton a tout envahi, sans prise en charge véritable, alors que nous possédons ce que bien d'autres pays recherchent et paient à prix d'or, les techniciens de valeur, sans objectifs pour ceux qui ont eu la chance d'être repérés et enrôlés au sein des clubs, la progression reste aléatoire.

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Aménager des terrains

Aux académies qui ont institué un sport à deux vitesses, les autorités devraient trouver une réplique. Il n'est nullement question que les enfants qui n'ont pas les moyens demeurent de petits spectateurs angoissés, rejetés et ne sachant que faire. La réplique est bien d'aménager des terrains vagues et de les mettre à leur disposition, sans cahiers des charges, ni autorisation municipale. En dix ans, nous rattraperions le temps perdu. Nos enfants sont doués et il suffit de s'en occuper.

Seuls les sports individuels tirent leur épingle du jeu, mais leurs représentants, surtout les meilleurs, sont harcelés. Ils sont harcelés pour ramener des médailles, des titres et des podiums pour justifier ce que l'on met à leur disposition. Ces moyens ne sont pas énormes, mais pour le moment ils s'en tirent. De toutes les façons, partant du principe que les finances du pays ont d'autres problèmes à régler en cette période difficile, il nous semble qu'il faudrait choisir les compétitions dans lesquelles nous devons être présents.

Lorsque nous voyons que, dans un «championnat arabe», nos équipes battent leurs adversaires par 68 à zéro et 38 à zéro, il y a lieu de se demander à quoi sert d'y participer et de ne rien tirer de ces rencontres sur le plan sportif. Bien entendu, il y a ces engagements que l'on prend vis-à-vis des organisateurs et que l'on est tenu de respecter. Et après ? Les sentiments, l'amitié et la fraternité, cela compte, mais lorsqu'on est à l'aise et qu'il est possible d'y répondre sans bouleverser ses plans de préparation des manifestations importantes et les prévisions à long terme. La preuve, on enregistre des absences qui se remarquent et chacun, dès lors, a ses raisons.

Les sommes énormes, au vu de nos modestes moyens, auraient pu servir à organiser un stage pour améliorer notre niveau et faire profiter nos joueuses ou joueurs d'une meilleure expérience. C'est ainsi que cela se passe dans les pays qui se respectent et qui ne courent pas après des médailles qui ne signifient rien.

Ce choix s'applique également pour la participation qui a été dernièrement l'objet d'une remarque des hauts responsables de l'Etat. Le «coubertinisme» est mort et enterré et il ne s'agit plus de participer pour marquer sa présence, mais bien d'essayer de gagner et de se comporter d'une manière plus qu'honorable.

L'exemple de Hafnaoui

Prenons l'exemple du Mondial de natation. Tous les observateurs ont enregistré l'absence des grandes vedettes qui ont illuminé la scène au dernier Mondial du Japon. Où sont les Katie Ledecky Summer McIntosh ou Kaylee McKeown, les Kyle Chalmers ou David Popovici, Léon Marchand, triple médaillé d'or au Japon, etc ? Ces nageuses et nageurs avaient à choisir entre participer et chahuter leur programme de préparation pour les Jeux Olympiques de Paris, ou se concentrer sur les JO qui revêtent une plus grande importance. La date de l'organisation de ce Mondial de Doha n'étant pas bien choisie, il a été fixé à moins de cinq mois des J.O. Le risque était gros.

Ayoub Hafnaoui aurait-il pu «refuser» de prendre part à ce Mondial où il n'a réussi rien de bon, pour une raison très simple : il est totalement concentré sur les J.O. ? D'après nos contacts il n'a rien changé à son programme de préparation pour éviter de toucher à son planning. S'il avait refusé, on lui aurait peut-être suspendu sa bourse... C'est la fédération qui aurait dû monter au créneau pour le défendre. Mais l'appât du gain d'une éventuelle médaille a peut-être été pour beaucoup dans cette discrétion.

Ces «contreperformances» n'auront aucun impact sur le mental de Ayoub Hafnaoui, un jeune qui a la tête bien posée sur ses épaules, cultivé et sachant où il va. Le grand problème qui se pose est bien d'éviter de papillonner d'une compétition à une autre à la recherche de ces succès faciles qui n'ajoutent rien à la valeur de notre sport.

Nous avons vu et enregistré les «excuses» inventées par bon nombre de nos adversaires qui ne voulaient plus nous rencontrer parce qu'ils ont ressenti que nous ne sommes plus d'aucun apport pour eux. Ils se détournent sans vergogne vers des pays plus avancés et nous laissent à nos mesquineries. Des victoires à la Pyrrhus qui ne signifient rien du tout.

C'est tout un changement de mentalité qui s'impose. Etant donné que nous sommes près de nos sous, il faut choisir où aller et avec qui se mesurer.

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