Madagascar: Élections législatives - Le régime sous la menace du « vote sanction »

Jeune femme votant au second tour de l'élection présidentielle, dans le Grand Sud, à Tuléar, le 19 décembre 2018.

Les partis de l'opposition veulent jouer le tout pour le tout aux prochaines élections législatives. L'objectif est de rafler le plus grand nombre de sièges possible pour avoir la majorité à l'Assemblée nationale.

Le rendez-vous du 29 mai prochain constitue un grand test pour le régime Rajoelina à la sortie d'une élection présidentielle particulière. Outre le taux de participation, la performance de chaque formation politique, surtout celle de l'IRD, sera scrutée de près par les observateurs. En tout cas, les partis de l'opposition ont lancé le défi. « Il faut faire un vote sanction aux prochaines législatives », a d'ailleurs fait entendre Hanitra Razafimanantsoa tout en exhortant les partisans des partis de l'opposition à s'inscrire massivement sur les listes électorales avant la fermeture de la Révision Annuelle de la Liste Électorale (RALE) ce 15 février.

Abstention-sanction

En effet, dans les discours de certains élus de l'opposition, après la réussite d'une « abstention-sanction », il faut passer au vote sanction. Faut-il rappeler que les leaders du défunt Collectif des candidats se sont réjouit de la réussite de leur stratégie de boycott en donnant un taux d'abstention avoisinant les 25%, surtout dans les grandes agglomérations, malgré les chiffres officiels de 46,36%. Le parti Tiako i Madagasikara (TIM) ou encore le Hery Vaovao ho an'i Madagasikara (HVM) ont fait de l'inscription sur la liste électorale leur principal combat depuis l'ouverture de la RALE. Au moins pour les deux partis, l'abstention-sanction de la présidentielle devrait se transformer en une participation record mais avec une large victoire des partis de l'opposition.

Guerre intestine

Devant cette menace, les partis de la majorité perdent du temps dans les règlements de compte et la guerre intestine. A Fianarantsoa, le différend entre Pety Rakotoniaina de la plateforme Union Pro-Rajoelina (UPAR) et Lova Paupil Razafindrafito a éclaté au grand jour depuis la semaine passée. Il ne s'agit pas d'un fait isolé. En attendant la nomination des Secrétaires d'Etat, tous ceux qui ont soutenu le président Andry Rajoelina aux dernières présidentielles aspirent à porter la couleur orange aux prochaines législatives. Quoi qu'il en soit, Hery Rasoamaromaka, secrétaire national du parti Tanora malaGasy Vonona, a déjà indiqué que son camp aura 120 députés à la prochaine législature. Pas plus tard que ce lundi, il a mis en garde ceux qu'il désigne comme usurpateurs. « Le TGV n'a pas encore désigné de candidat et pour le moment, aucun ne peut prétendre à ce titre, et ceux qui se disent avoir été mandatés par la plateforme ne sont que des usurpateurs », a-t-il souligné.

Foyers de tension

Bien qu'il ne s'agisse pas d'une élection à mi-mandat comme on a l'habitude de voir dans d'autres pays, il s'agit d'une épreuve pour le régime. Les législatives se tiennent à plus de cinq mois après l'investiture d'Andry Rajoelina et de la mise en place du nouveau Gouvernement Ntsay. Même si le temps n'est pas suffisant pour faire le premier bilan de ce gouvernement, les circonstances de ces derniers temps ont donné naissance aux premiers « électeurs-déçus ». Retour en force du délestage, hausse du coût de la vie ou encore problème d'insécurité, des foyers de tension commencent à apparaître, à l'exemple de ce qui s'est passé à Tsarahonenana, à Ankazomiriotra ou encore à Ambatondrazaka, hier. Des phénomènes que le régime devrait prendre en considération à moins de quatre mois du scrutin.

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