Madagascar: Histoire - Les tirailleurs sénégalais en chair à canon de luxe

La relation entre les Malgaches et les Sénégalais reste tributaire des massacres cautionnés par la France lors des évènements de 1947 et des mouvements anti-occupations françaises. Une relation timide dans les livres d'histoire communes de Madagascar et du Sénégal.

Pour conquérir les petites îles aux alentours de Madagascar, à l'époque du roi Radama (1793-1828), le monarque a fait appel aux premiers mercenaires de l'Afrique de l'ouest, notamment des Sénégalais. Ainsi analysait Amadou Ba, auteur de la thèse « Des « Sénégalais » à Madagascar : militaires ouest-africains dans la conquête et la colonisation de la Grande-île (1895-1960) », lors de sa communication au Centre de Recherche sur la Littérature des Voyages (CRLV) en 2007. Trois vagues d'Ouest Africains allaient s'abattre sur le pays, la deuxième était lors de la « deuxième expédition », le troisième, lors de la répression du mouvement de libération de 1947 à Madagascar.

Les troupes sénégalaises, créées en 1857 à la demande de Louis Faidherbe » (La St Cyrienne, 29/09/16), allaient être complétées par d'autres nationalités voisines. Les prouesses de ces bataillons africains ont valu l'estime des généraux français sur les champs de bataille de la Deuxième Guerre. Chair à canon, face à la grogne des élus français pour ne pas sacrifier les « blancs » à la mort guerrière, l'envoi de la troupe noire était une option. Avec en tête le général Gallieni, qui allait mener ce « bétail » vers l'abattoir des mitrailleuses et en première ligne des massacres. Leur savoir-faire militaire a facilité l'occupation de Madagascar. « Dans les opérations les plus difficiles... notamment la mort du roi Toera... connu sous le nom de l'affaire d'Ambiky (1898) », pour Amadou Ba.

Le roi Toera, rempart de l'Ouest malgache face à l'invasion des français colons, a fini décapité et sa tête a été ramenée en guise de trophée en France, évidemment, un acte hautement civilisationnel des héritiers des Lumières. Jusqu'à aujourd'hui, son crâne est gardé comme un butin de guerre par ses assassins, bien qu'il soit considéré comme un héros et un roi sacré chez les Sakalava du Menabe. Les missions les plus difficiles connues de ces tirailleurs ont été l'Est du pays. La maîtrise de l'environnement par les patriotes et les combattants de la liberté, accompagnée par les maladies tropicales, les bataillons arabes en connaissent un rayon.

Comme l'amour n'a pas de frontière et reste sourd aux canons, des couples mixtes y ont vu le jour quand la répression, quasi hitlérienne, menée par les colons a abouti à la fin de la lutte de libération. Jusqu'à maintenant, des descendants de ces sénégalais résident dans ces contrées. À côté de ce beau tableau, les viols et les massacres de personnes du troisième âge. L'histoire rappelle l'enfer vécu par des villages aux alentours d'Ambatondrazaka.

À cause de la sauvagerie des Sénégalais, les femmes et les enfants devaient aussi se cacher dans les forêts. Les anciens étaient laissés au village, en espérant qu'ils soient épargnés. Pourtant, pour faire sortir les fuyardes de leur cachette, la « troupe noire » torturait à mort des dizaines de vieillards. Un traumatisme pour les générations qui se sont succédé après les événements de 1947. Des témoignages sur les méfaits de ces africains en terres sihanaka sont encore restés dans la mémoire des familles. Une bestialité sans nom, cautionnée par le général Gallieni.

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