Grâce aux relations particulières que le Maroc a pu nouer avec les pays africains, et plus particulièrement ceux du Sahel et de l'Afrique de l'ouest, le Royaume et la France ont "beaucoup de choses à faire ensemble" dans le continent africain, a affirmé, vendredi à Casablanca, l'ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier.
L'ambassadeur français, qui animait une conférence-débat sur les relations franco-marocaines à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Ain Chock, a rappelé les relations "plus anciennes et plus stables du Maroc avec les pays africains", qui font que le Royaume soit "le pays le mieux perçu par les opinions publiques au Sahel".
Partant de ce constat, "nous pouvons travailler ensemble pour renforcer notre solidarité et notre communauté de destin face à nos concurrents", a dit le diplomate.
A cet égard, M. Lecourtier a rappelé que les relations entre l'Europe et l'Afrique passent nécessairement par le Maghreb, le Sahel et l'Afrique de l'Ouest, soulignant que cette réalité "rejoint la vision de Sa Majesté le Roi" Mohammed VI qui a fait de l'ancrage du Maroc dans sa profondeur africaine l'un des piliers majeurs de la politique étrangère du Royaume.
Soulignant la volonté de la France de renforcer son partenariat avec le Maroc, l'ambassadeur français a affirmé que son pays dispose de "la capacité d'être un allié et un partenaire utile, sans exclusive, ni monopole", précisant que: "sans arrogance, le Maroc a raison de vouloir voir la France autour de la table et de vouloir, comme nous voulons avec lui, refonder cet agenda très ambitieux".
"Cela veut dire qu'on soit capables pour être à la hauteur de ce rôle que vous pourriez souhaiter nous redonner, un des grands partenaires pour les 20 prochaines années. Cela veut dire qu'on soit capables de mobiliser des moyens financiers, et en termes d'expertises, d'investissements et de recherches", a encore assuré l'ambassadeur français.
S'arrêtant sur la question de la formation de qualité nécessaire à l'accompagnement de ce partenariat, et tout en prenant appui sur le positionnement du Maroc "absolument central dans cette zone de co-prospérité", M.
Lecourtier a souligné que la clé serait d'arriver à assurer la formation de milliers de jeunes Marocains, Européens et Sub-sahariens, tant au niveau supérieur qu'intermédiaire, avec une mobilité facilitée, ce qui permettra de déboucher sur un partenariat gagnant-gagnant.
"Dans ce domaine, le Maroc et la France peuvent faire du Maroc un endroit où les Marocains, les Français, les Subsahariens et les Européens viennent se former et pouvoir +irriguer+ notre région euro-maroco-africaine pour réaliser notre destin," a encore dit le diplomate.
La conférence a été organisée par la Fondation Links, présidée par l'ancien ministre et ambassadeur du Maroc en France, Mohamed Berrada.
Pour l'ambassadeur de France à Rabat
Il serait illusoire et irrespectueux de considérer qu'on pourra construire un avenir ensemble sans clarifier la position de la France sur la question du Sahara
L'ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a affirmé, vendredi à Casablanca, qu'il serait "illusoire et irrespectueux" de penser pouvoir construire un avenir ensemble avec le Maroc sans clarifier la position de la France sur la question du Sahara marocain.
"Il serait totalement illusoire, irrespectueux et stupide de considérer qu'on va construire ce que j'espère qu'on arrivera à construire, brique après brique, pour le bonheur de nos deux nations et quelques autres voisins, sans clarifier ce sujet, dont tout le monde à Paris connait et reconnait le caractère essentiel pour le Royaume, hier, aujourd'hui et demain", a souligné M. Lecourtier en réponse à une question sur la position de la France sur la question du Sahara.
"Comment voulez-vous qu'on puisse prétendre avoir ces ambitions sans prendre en compte les préoccupations majeures du Royaume sur la question", a encore répondu M. Lecourtier.
La France a conscience de l'importance de ce sujet pour le Maroc. Elle a conscience de l'évolution du Monde, a-t-il renchéri, ajoutant que "dans le dialogue que nous avons avec le Maroc, cette question, comme elle l'a été depuis 2007, sera évoquée dans la logique de poursuivre l'intimité et le partenariat dans les années et les décennies à venir".