L'envoyée de l'ONU en République centrafricaine (RCA) a encouragé mercredi les Etats membres des Nations Unies à soutenir les efforts de ce pays à bâtir une armée nationale professionnelle dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité et à endiguer la prolifération d'armes.
Valentine Rugwabiza, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine et cheffe de la Mission des Nations Unies dans ce pays, la MINUSCA, faisait le point de la situation en RCA lors d'une réunion du Conseil de sécurité.
Elle a noté que cela fait cinq ans ce mois-ci que l'Accord politique pour la paix et la réconciliation a été signé et elle a souligné les acquis obtenus, notamment l'auto-dissolution de neuf groupes armés, et le maintien des anciens dirigeants des groupes armés dans le gouvernement actuel.
Un Casque bleu tué en janvier
Elle a rappelé que le 15 janvier une patrouille de la MINUSCA a touché un engin explosif alors qu'elle revenait d'escorter des travailleurs humanitaires apportant de l'aide à Nzakoundou, un village de l'ouest de la RCA. L'explosion a tué un Casque bleu du contingent camerounais et blessé cinq autres.
« La mort tragique de ce jeune soldat de la paix, qui survient dans le contexte d'incidents similaires survenus au cours des derniers mois, doit inciter à réagir rapidement aux menaces que font peser sur les soldats de la paix les engins explosifs », a dit la Représentante spéciale. « Il est extrêmement important que nous comprenions les sources et les origines des engins explosifs grâce à une collecte de renseignements appropriée et que nous poursuivions également la coopération transfrontalière pour endiguer le flux d'armes traversant les frontières vers le territoire centrafricain ».
Selon elle, les pays de la région doivent aussi intensifier leur coopération en faveur d'une gestion et d'un contrôle efficaces des frontières afin d'endiguer la prolifération des armes. Elle a noté que les engins explosifs ainsi que les armes légères constituent non seulement une menace pour la population et les forces de maintien de la paix, mais également la plus grave contrainte à la fourniture de l'aide humanitaire dans l'ouest de la RCA, où vit 50% de la population centrafricaine.
Elle a demandé le soutien du Conseil « pour une réponse urgente, ciblée et véritablement multidimensionnelle à cette menace », tant pour la protection des civils que pour la sûreté et la sécurité des Casques bleus. « Nous devons faire tout notre possible pour empêcher cette propagation de ces armes meurtrières à d'autres régions de la RCA. Cette approche devrait inclure un investissement dans la connaissance de la situation, ainsi qu'une coopération transfrontalière ciblée sur les origines et les sources d'approvisionnement des engins explosifs », a-t-elle dit.
Restauration de l'autorité de l'Etat
L'envoyée de l'ONU a noté la faiblesse du réseau routier, la plupart étant des pistes en terre impraticables pendant les huit longs mois de fortes pluies chaque année. Dans tout le pays, de nombreux villages sont inaccessibles et quasiment isolés toute l'année. « Cela constitue un défi majeur pour la mobilité des troupes de la MINUSCA et des forces nationales de défense et de sécurité », a-t-elle dit.
Pour répondre aux urgences dans certaines régions éloignées, la mission doit utiliser tous ses moyens aériens limités, ce qui la laisse mal équipée pour répondre à d'autres besoins urgents.
La cheffe de la MINUSCA a demandé au Conseil de mettre à la disposition de la mission les moyens de transport et de logistique nécessaires pour remplir son mandat d'appui à la restauration et à l'extension de l'autorité de l'État.
Valentine Rugwabiza a indiqué que la MINUSCA, en coordination avec les agences des Nations Unies, a investi dans des domaines clés, notamment le redéploiement des fonctionnaires et autres agents de l'État de la capitale Bangui vers leurs lieux d'affectation dans les préfectures et sous-préfectures, la construction, la rénovation et l'équipement des bâtiments administratifs.
Dans ce contexte, la Mission continuera de renforcer sa coopération étroite et ses patrouilles conjointes avec les forces armées centrafricaines (FACA) et les forces intérieures, en particulier dans les zones frontalières et les points chauds du conflit, a-t-elle dit.
À cela s'ajoute, selon Mme Rugwabiza, « le besoin urgent d'une réforme du secteur de la sécurité ». Mais, elle a estimé que l'ampleur des besoins en matière de réforme du secteur de la sécurité et de restauration de l'autorité de l'État ne peut être prise en charge par la MINUSCA seule. Elle a encouragé les États membres et les partenaires disposant de l'expertise et des capacités institutionnelles pertinentes à soutenir les forces de défense et de sécurité nationales de la RCA et, ce faisant, « à soutenir les efforts et les progrès de la République centrafricaine dans la construction d'une armée nationale professionnelle et de forces de sécurité intérieure ».
« Il n'y a pas d'alternative à la sécurisation durable de la population centrafricaine et à la préservation de la souveraineté de son territoire », a-t-elle conclu.