Madagascar: Accusée de corruption à Londres - Romy Andrianarisoa risque jusqu'à 10 ans d'emprisonnement

L'étau se resserre autour de Romy Andrianarisoa à Londres. Elle vient d'être accusée de corruption par la justice britannique et encourt une peine d'emprisonnement qui risque d'aller jusqu'à une décennie. Le verdict du tribunal de Southwark Crown Court est attendu le 18 mars prochain.

L'ancienne directrice de cabinet de la Présidence de la République, Romy Andrianarisoa, a été déclarée coupable de corruption, le 20 février dernier, à l'issue d'une enquête menée par l'Agence nationale du crime du Royaume-Uni (NCA). Accusée d'avoir sollicité des pots-de-vin dans le cadre d'une négociation de permis minier avec la société britannique Gemfields, elle a été jugée coupable par Southwark Crown Court aux côtés de son associé, le ressortissant français Philippe Tabuteau.

NCA

Les charges portées contre Romy Andrianarisoa et Philippe Tabuteau remontent en août 2023, lorsqu'ils ont été inculpés pour avoir demandé d'importantes sommes d'argent en échange de leur aide dans l'octroi d'un permis minier et la sécurisation d'une joint-venture minière exclusive avec le gouvernement malgache. Les deux associés ont été traqués par des agents du NCA après la dénonciation de Gemfields. Puis, ils ont été arrêtés dans un hôtel en plein coeur de Londres le 10 août 2023 et traduits devant la justice britannique.

%

Gain financier personnel

Philippe Tabuteau a plaidé coupable en septembre de la même année. Romy Andrianarisoa, quant à elle, plaide non-coupable et renie les accusations qui sont portées contre elle. « Je nie toute tentative de solliciter un pot-de-vin ou d'être impliquée dans le blanchiment d'argent. Je suis venue au Royaume-Uni avec le contrat car nous recherchons une entreprise minière éthique, et Gemfields semblait convenir. Je n'ai pas, et ne m'attends pas à obtenir un gain financier personnel. J'ai agi dans les limites et les attentes de mon rôle au sein du gouvernement. Je défends les intérêts du président et du pays en mettant en oeuvre les meilleures pratiques », a-t-elle déclaré devant la justice britannique. Pourtant, les agents de la NCA l'ont pris en flagrant délit de corruption au moment de son arrestation.

Fonctionnaire corrompue

La justice britannique resserre l'étau autour de Romy Andrianarisoa. Elle risque d'encourir une peine d'emprisonnement allant jusqu'à 10 ans ferme, ont glissé des connaisseurs du système judiciaire anglo-saxon. Le tribunal de Southwark Crown reconnaît sa culpabilité. Le duo a tenté d'obtenir un pot-de-vin de la part de Gemfields, une entreprise britannique spécialisée dans l'extraction de pierres précieuses, a aussi insisté la NCA dans son communiqué du 20 février dernier. Romy Andrianarisoa a réduit, à cet effet, sa marge de manoeuvre pour obtenir gain de cause dans cette affaire. Thomas Short, procureur spécialisé dans la criminalité économique au Crown Prosecution Service, a enfoncé l'ancienne directrice de cabinet de la Présidence de la République en déclarant que « Romy Andrianarisoa est une fonctionnaire corrompue qui a choisi de s'enrichir dans l'exercice de ses fonctions publiques ». Le verdict de Southwark Crown Court est donc attendu le 18 mars prochain.

Conseil juridique

Romy Andrianarisoa, alors en poste de directrice de cabinet du président de la République Andry Rajoelina, a usé de son influence pour organiser des rencontres avec Gemfields et a insisté sur sa relation privilégiée avec le chef de l'Etat. Le modus operandi du duo impliquait des rencontres en personne et des communications sur des plateformes sécurisées telles que WhatsApp, évitant ainsi tout traçage électronique. Romy Andrianarisoa et Philippe Tabuteau ont exigé des paiements importants, ainsi qu'une participation financière dans la collaboration. Le Crown Prosecution Service a donc fourni des conseils juridiques à la NCA tout au long de l'enquête et des poursuites pour « constituer un dossier le plus solide possible devant les tribunaux », a souligné NCA dans un communiqué du 20 février.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.