La ministre sénégalaise de la Justice confirme la libération de 344 personnes depuis jeudi 15 février 2024. Des mesures destinées à « apaiser » l'espace publique alors que le pays est toujours dans l'attente d'une date pour la présidentielle initialement prévue le 25 février. Le collectif des détenus assure contrairement à la ministre que ces personnes étaient des prisonniers politiques.
Si 272 libérations doivent encore suivre à Dakar, Aissata Tall Sall affirme qu'il ne s'agit en aucun cas de libérations politiques de détenus d'opinion. En tout, la ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, parle donc d'un peu plus de 600 personnes qui doivent être libérées dans les prochains jours, tous poursuivis pour des crimes de droits communs, selon elle.
Les représentants des détenus, eux, estiment qu'il y a plutôt 1 600 personnes incarcérées suite aux manifestations de l'opposition au Sénégal depuis 2021. Et pour Lamine Bara Diop, alias Diop Taïf, coordonnateur du collectif des détenus, pas de doute, ces arrestations ont bien eu lieu pour des raisons politiques pour mater l'opposition : « On les a arrêtés de manière arbitraire, tout le monde le sait. Il y a par exemple des Sénégalais lambdas. »
« On a saboté leur avenir »
Diop Taïf appelle à la libération de tous les détenus politiques ainsi qu'à leur indemnisation : « Il faut indemniser ces gens-là parce qu'on a saboté leur avenir, on les a arrêtés et eux, ils travaillaient. Des couches sociales ont été touchées : il y avait des maçons qui allaient au travail, il y avait des menuisiers, il y avait des cordonniers, on les a tous arrêtés pour les emprisonner. Comment ont-ils fait pour se débrouiller, pour soutenir leurs familles ? Tous ces gens-là réclament justice après la libération. »
Le collectif des détenus compte donc poursuivre l'État et réclamer des indemnisations pour tous ceux qui ont passé des mois en détention préventive sans avoir été jugés ou qui ont été finalement acquittés.