Brazzaville - Kinshasa — « Le fait de me faire vacciner contre la maladie à virus Ebola m'a procuré un sentiment profond de sécurité et me permettra de me concentrer pleinement sur mon travail », déclare Chrysostome Kavusa Mwenderwa, agent de santé à l'Hôpital de référence de Kalunguta, à Beni (République démocratique du Congo).
Chrysostome, 42 ans, fait partie des 18 748 agents de santé en première ligne déployés dans 12 zones sanitaires de la province du Nord-Kivu qui ont été vaccinés contre la maladie à virus Ebola entre juin et septembre 2023, dans le cadre d'une campagne menée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour aider les pays à améliorer la préparation aux épidémies et sauver des vies.
« Les agents de santé sont chargés de prévenir la maladie, de faire face aux flambées épidémiques et d'atténuer les risques dans les communautés. Mais la nature de leur activité les expose à un risque accru de maladies infectieuses mortelles telles que la maladie à virus Ebola, ce qui signifie que la vaccination préventive est primordiale chaque fois que cela est possible », affirme le Dr Boureima Hama Sambo, Représentant de l'OMS en République démocratique du Congo.
En plus de soutenir les efforts de préparation, la vaccination contre la maladie à virus Ebola contribue au renforcement des systèmes de santé, ouvrant ainsi la voie aux programmes de vaccination des adultes, ajoute le Dr Sambo.
« Nous avons mis à contribution les associations professionnelles de médecins, de personnel infirmier, de sages-femmes et de techniciens de laboratoire, ainsi que les associations de survivants de la maladie à virus Ebola, les organismes éducatifs, religieux et les partenaires humanitaires pour encourager la vaccination prophylactique des agents en première ligne et des agents de santé », indique le Dr Nanou Yanga Mukadi, point focal de la vaccination contre le choléra et responsable de la vaccination contre Ebola au Programme élargi de vaccination.
« La planification commence à la base, avec le soutien des niveaux intermédiaire et central et des partenaires, dont l'OMS. Un aspect important à relever ici est la sensibilisation. En outre, un suivi en cours et en fin de processus est effectué pour s'assurer que les objectifs sont atteints », ajoute le Dr Yanga Mukadi.
La Guinée-Bissau et l'Ouganda ont aussi commencé des efforts de vaccination préventive au même moment que la République démocratique du Congo. L'OMS invite instamment les autres pays à haut risque à envisager également la vaccination préventive contre Ebola.
La maladie à virus Ebola est une maladie grave, souvent mortelle, dont les taux de létalité oscillent entre 70 % et 90 % en l'absence de traitement. La flambée épidémique qui a sévi en Afrique de l'Ouest entre 2014 et 2016 a dévasté à la fois les communautés et les services de santé. L'OMS encourage les pays à donner la priorité à l'utilisation du vaccin en tant qu'outil puissant de santé publique pour protéger les agents de santé et les autres prestataires de services en première ligne exposés à un risque élevé de contracter la maladie.
En 2023, l'OMS a mis à la disposition des pays africains à haut risque, 111 497 doses du vaccin ERVEBO®, provenant du stock mondial, afin d'intensifier la préparation des pays aux flambées épidémiques futures. L'OMS a en outre apporté son appui au gouvernement de la République démocratique du Congo pour qu'il puisse planifier et coordonner les activités de vaccination préventive contre Ebola aux niveaux opérationnel et stratégique.
L'agent de santé Kavusa Mwenderwa explique la menace du virus Ebola en ces termes : « Ebola se transmet par contact avec du sang ou des liquides biologiques d'un patient infecté, ou même par contact avec des vêtements ou du linge de lit contaminés par des liquides biologiques. Compte tenu de la nature de notre travail, le risque pour nous, en tant qu'agents de santé, est élevé. »
Au cours des premières phases d'une épidémie de virus Ebola, les agents de santé sont souvent les premiers touchés, ce qui peut entraîner des décès inutiles, des pénuries de personnel et la transmission de la maladie à d'autres patients.
Son collègue, Remacle Kasereka Kitutu, 40 ans, est du même avis : « L'importance de la vaccination n'est plus à démontrer. Si en tant qu'agents de santé, nous sommes vaccinés contre la maladie à virus Ebola, nous pouvons travailler beaucoup plus efficacement, tout en continuant à prendre toutes les précautions recommandées pour éviter l'infection. »