Le texte est celui d'une oeuvre de Véronique Tadjo, Reine Pokou. Concerto pour un sacrifice, publié en 2004. L'écrivaine y restitue les différentes versions d'un mythe complexe, protéiforme, où se mêlent la condition d'une femme et l'histoire d'un peuple. Nouvelle représentation sur les planches de l'histoire de la reine baoulé Abla Pokou à Abidjan et Bouaké.
Abla Pokou était à la fois une princesse ashanti - le Ghana actuel - en exil, la reine fondatrice du royaume baoulé, et une mère infanticide, qui aurait sauvé son peuple en sacrifiant le prince héritier. Une figure moderne, pour la metteuse en scène Françoise Dô, dont les dilemmes ressemblent encore aux nôtres : « Comment l'histoire de cette femme qui est arrivée jusqu'à nous par la bouche de griots, repassée par la pensée et l'écriture de Véronique Tadjo, peut encore nous parler aussi profondément sur l'ascension au pouvoir d'une femme ? On rencontre toujours des bâtons dans les roues, la notion du corps reste prioritaire, le corps qui enfante, qui n'enfante pas, qu'on le veuille, on ne le veuille pas... Je voulais parler de l'histoire de cette femme, que j'ai trouvée terriblement moderne. »
« Une autre dimension »
Reine Pokou est une production internationale pour ce mythe baoulé, avec la metteuse en scène, Françoise Dô, et trois actrices, Rita Ravier, Alvie Bitemo et Yasmine Ndong Abdaoui, respectivement martiniquaise, congolaise et maroco-gabonaise. À la sortie de la représentation, la chanteuse Ruth Tafebe, elle-même d'origine baoulé, dit avoir été séduite : « Abla Pokou est une histoire qui est connue en Côte d'Ivoire. Le peuple baoulé étant central géographiquement et historiquement. Mais racontée par des personnes d'autres cultures, ça prend encore une autre dimension, et ça affirme le côté universel de la chose. D'autant plus que c'est fait avec beaucoup de sensibilité. On est avec elle sur scène, au bord du fleuve. On est avec elle quand l'enfant est jeté [dans l'eau, NDLR]. »
D'abord créée en France, à Saint-Etienne, la pièce a été jouée à Abidjan et à Bouaké, en Côte d'Ivoire. Elle devrait ensuite être représentée en Martinique, puis dans toute la France métropolitaine.