La question a fait l'objet ce mercredi, à Nouakchott, d'une réunion du conseil des ministres. Des détails de cet accord ont fuité dans la presse suscitant une polémique concernant l'accueil des migrants dans le pays. La présidente de la Commission de l'Union européenne Ursula Van der Leyen était à Nouakchott en compagnie du Premier ministre espagnol, le 8 février dernier. Et elle y sera à nouveau le 7 mars prochain, cette fois-ci, pour la signature de l'accord.
Depuis plusieurs mois, l'Union européenne s'efforce de mettre en place un « partenariat renforcé » avec la Mauritanie, afin de lutter contre l'immigration irrégulière. L'accord stipule entre autres, le retour en Mauritanie des migrants interceptés en mer, où ils seront accueillis et assistés.
Une aide à la jeunesse mauritanienne est également prévue dans l'accord, ainsi qu'une aide pour renforcer la sécurité à la frontière avec le Mali. Ce qui comprend la formation des garde-frontières et la lutte contre le terrorisme. D'autres investissements sont évoqués comme la transition vers l'énergie verte.
En échange, Nouakchott recevra une enveloppe de 522 millions d'euros dont 210 millions d'ici la fin de l'année. 40 millions d'euros seront dédiés à la sécurité.
Les fuites sur le contenu de l'accord ont suscité une polémique et des craintes chez l'opposition mauritanienne et des ONG de la société civile. Ils ont réclamé des clarifications de la part du gouvernement sur la nature de son engagement. « Nous avons appelé le gouvernement à être franc avec la population, à fournir des données claires et détaillées sur l'accord et sur les obligations de la Mauritanie dans le cadre de celui-ci. Surtout en ce concerne le point relatif à la réinstallation en Mauritanie des immigrés illégaux non autorisés à entrer en Europe, explique Mohamad Lamine Chouaib, responsable des affaires politiques au Rassemblement national pour la réforme et le développement (Tawassul), principal parti de l'opposition. Ce point suscite de nombreuses inquiétudes. Nous sommes un pays aux ressources et services limitées. Déjà sous multiples pressions, nous ne supporterons pas une nouvelle. » L'opposition indique vouloir être consulté sur cette question. « Il doit y avoir un consensus autour de ce texte avant sa signature, faute de quoi, il risque d'affecter la situation politique, sécuritaire et sociale du pays », prévient l'opposant.
Le ministère de l'Intérieur a tenté de rassurer en niant dimanche, dans un communiqué, sa volonté d'accueillir les migrants cherchant à atteindre l'Europe. Le document proposé est toujours à l'étude afin de le rendre « plus équilibré » et servir « les intérêts des deux parties » a expliqué le communiqué.
La Mauritanie est devenue un pays majeur de transit, via l'Atlantique, pour les migrants cherchant à atteindre l'Europe. La ville de Nouadhibou, située au bord de l'océan, au nord du pays, est le point principal de départ. D'après les autorités espagnoles, en janvier 2024, sur dix embarcations qui ont atteint les îles Canaries, huit sont partis de la Mauritanie.