C'est la question qui a été posée lors du festival Africa Media, qui s'achève ce jeudi 22 février à Nairobi. Plus de 650 professionnels de ce secteur, venus de tout le continent, ont échangé sur leurs pratiques et leurs défis. Le secteur des médias est encore économiquement très faible en Afrique, ce qui ralentit sa transition numérique.
D'après une étude de l'institut Afrobaromètre publiée en 2021, l'usage des médias digitaux pour s'informer a plus que doublé en cinq ans sur le continent africain. Pourtant, « 60% de la population africaine reste sans connexion », rappelle Mamaponya Motsai, PDG de Fraycollege, un centre de formation en Afrique du Sud qui vient de réaliser une étude du paysage médiatique sur le continent, pour Bloomberg. Celle d'Afrobaromètre pointe également du doigt une grande inégalité dans l'accès aux médias digitaux, surtout consultés par des hommes, éduqués et jeunes, en milieux urbains.
Se pose ensuite la question de la qualité des informations qui circulent en ligne. « Les nouveaux médias n'ont pas les moyens des rédactions traditionnelles », souligne Éric Mugendi, qui se définit comme « fact-checker » au Kenya, c'est-à-dire qu'il vérifie les informations qui sont véhiculées sur la Toile.
« Il ne faut pas que l'information ne devienne une matière que pour les élites africaines », alerte donc Mamaponya Motsai. Selon Afrobaromètre, la majorité des internautes africains sont conscients du problème de la désinformation. Plus de la moitié d'entre eux blâment les médias eux-mêmes pour ces fausses nouvelles.
Autre difficulté majeure pour les médias africains dans leur transition numérique : celle de la viabilité financière. Les médias traditionnels, déjà à la peine, n'arrivent pas à trouver un modèle rentable, comme l'explique dans un entretien à RFI Michael Didama, journaliste tchadien et président du Forum des responsables des médias d'Afrique centrale.
La gouvernance économique ne permet pas d'avoir des médias forts. Ce qui permet de faire vivre les médias, ce sont les publicités, les annonces et ceux qui créent les médias souvent ne prennent pas les mesures nécessaires en mettant les moyens avant de commencer [...]