Burkina Faso: Agressions d'agents de santé - Les responsabilités sont partagées

22 Février 2024

Voilà de quoi faire sursauter de peur ! En effet, une infirmière a été poignardée en pleine garde par un jeune homme furieux qui voulait sans doute en finir avec elle. Les faits se sont déroulés en janvier 2024 dans une localité de la région du Nord de notre pays. Mais il y a eu plus de peur que de mal, puisque l'agresseur a été maîtrisé et l'infirmière a eu la vie sauve.

Après interrogation au commissariat de Police sur les motifs de son forfait, l'infortuné a laissé entendre que son enfant avait perdu la vie en 2020 en ces lieux et que l'infirmière était à l'origine de ce décès. Mais il se trouve que l'infirmière agressée venait de prendre fonction il y avait à peine trois mois. Une confusion que le jeune a reconnue et s'est finalement excusé.

Même moi, fou, ce récit me fait froid dans le dos. Donc, depuis quatre ans, ce jeune homme gardait sa colère et cherchait l'occasion pour se venger. Son acte n'est malheureusement pas isolé. Car des agissements pareils ont pignon sur rue dans nos établissements sanitaires. On se rappelle, en effet, l'agression en novembre 2022, de quatre travailleurs au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tengandogo, dans la capitale burkinabè.

Ces agents avaient été agressés à l'arme blanche, dans l'exercice de leur fonction, par l'accompagnant d'une patiente décédée. En vérité, les agents de santé, qui assurent la noble mission de sauver des vies, doivent être protégés et non attaqués.

A ce titre, les agressions constatées çà et là, sont intolérables et inadmissibles. Et il faut les condamner avec la dernière énergie. Parce que loin de réparer le mal déjà fait, elles empêchent plutôt les agents de santé de travailler dans la sérénité et de bien s'occuper des patients dont ils ont la charge.

S'il faut déplorer les violences contre les agents de santé, l'attitude de certains personnels de santé laisse aussi à désirer

Il faut même agir avec fermeté contre ces agresseurs qui se laissent emporter par leurs émotions. Ils doivent répondre devant la loi parce qu'ils ne sont pas censés se rendre justice. Il faut donc, en toute circonstance, savoir raison garder. Cela dit, les agents de santé ne sont pas non plus exempts de tout reproche. Et on pourrait même dire, sans risque de se tromper, que les responsabilités sont partagées.

En effet, bien qu'il existe des agents consciencieux, qui font leur travail avec amour et professionnalisme, il y en a d'autres qui font le contraire. En réalité, il faut le dire, s'il faut déplorer les violences contre les agents de santé, l'attitude de certains personnels de santé dans nos établissements sanitaires, laisse aussi à désirer.

Condescendance, mépris, négligence, propos discourtois, mauvais accueil, des comportements qui n'honorent, en aucun cas, ce métier aussi noble que sensible. En effet, dans ce domaine, à la moindre erreur, l'irréparable est vite arrivé. Par conséquent, prudence et concentration doivent être de mise.

Et un peu de compassion et de sympathie à l'endroit des patients et leurs accompagnants, ce n'est pas trop demander aux agents de santé. Car, ce sont des gestes qui peuvent soulager la douleur du patient et rassurer son accompagnant qui y voit la plus grande attention et importance accordées à son malade.

Cela dit, des autorités du pays, à qui le bon fonctionnement de nos centres hospitaliers incombe, à travers notamment un équipement conséquent, en passant par les agents de santé qui doivent toujours faire preuve d'éthique et de déontologie professionnelles, jusqu'aux accompagnants qui doivent faire montre de compréhension et de lucidité, chacun a sa partition à jouer pour que prenne fin le fléau des agressions des personnels soignants dans les centres de santé.

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