Cap Skirring — A la station balnéaire du Cap Skirring (sud), la montée soudaine de la tension politique, née de l'annonce du report de l'élection présidentielle du 25 février, a accentué un ralentissement de l'activité touristique déjà éprouvée par la fermeture de l'aéroport de Ziguinchor et l'arrêt de la desserte maritime habituellement opérée par le bateau Aline Sitoe Diatta.
Dans cette station balnéaire du département d'Oussouye (sud-ouest), des gérants d'hôtels, de restaurants et des vendeurs d'objets d'arts déplorent un ralentissement constaté de leurs activités depuis l'annonce du report de l'élection présidentielle du 25 février.
On est en pleine saison touristique, mais dans ce village parmi les plus visités du Sénégal, les rues sont quasi désertes. Tranchant avec l'ambiance des précédentes saisons en termes d'animation.
Aujourd'hui, vendeurs, travailleurs, hôteliers et gérants de restaurants disent avoir constaté un ralentissement de leurs activités à cause des violences consécutives au report de l'élection présidentielle.
Interrogés sur la situation sociopolitique actuelle au Sénégal, ces professionnels disent qu'il a beaucoup impacté leurs activités touristiques, notamment la vente d'objets d'art, les services et autres travaux.
"Le report de l'élection présidentielle a un impact négatif sur le secteur touristique. On ne sait pas quoi faire", se désole le président des guides touristiques de la zone Casamance, Lamine Diop Sané.
A cause du contexte sociopolitique tendu dans le pays, dit-il, la plupart des clients préfèrent attendre la tenue de la présidentielle sénégalaise pour venir à la station balnéaire de Cap Skirring.
"Avec ce report, l'économie est au ralenti. C'est un constat réel que nous regrettons", dit-il.
En plus, fait-il savoir, cette année, "la situation du tourisme régresse en Casamance".
Lamine Diop Sané signale que la station balnéaire n'a pas enregistré beaucoup de touristes à cause de la fermeture de l'aéroport de Ziguinchor et l'arrêt du bateau Aline sitoé Diatta qui assurait la liaison maritime entre Dakar et la principale capitale du Sud.
Tout cela fait que les arrivées de touristes en Casamance ont baissé par rapport aux années passées, selon lui.
Quelques-uns sont néanmoins venus effectuer une visite éclair, pendant que des passants admirent le quai de pêche où sont alignées des pirogues peintes aux couleurs nationales, entre autres.
''Un Covid-19 bis"
La tenue de l'élection présidentielle dans un bref délai devrait permettre aux professionnels du secteur touristique de faire bouger leurs activités à Cap Skirring, espère Lamine Sané.
Doudou Tamba, le président de l'Association des opérateurs économiques de la commune de Diembéring a lui aussi constaté un ralentissement des activités touristiques.
Evoquant une baisse de son chiffre d'affaires, M. Tamba, également promoteur d'une agence de voyage à Cap Skirring, assimile l'impact du report de l'élection présidentielle sénégalaise, à "un Covid-19 bis".
Il fait référence à la crise sanitaire pendant laquelle beaucoup de réceptifs hôteliers avaient cessé leurs activités.
"On ne peut pas estimer le manque à gagner. Cette année est perdue. Des touristes avaient programmé de venir après le 25 février. Hélas, beaucoup d'entre eux ont appelé pour annuler leur voyage, parce que jusqu'à présent le Sénégal n'est pas sorti de son trou", déplore-t-il.
Risque de licenciements massifs
M. Tamba dit craindre des "licenciements massifs" dans les hôtels touchés par le ralentissement des activités touristiques à cause du contexte sociopolitique au Sénégal.
"Beaucoup d'hôtels sentent l'impact négatif du report de ces élections. Il y aura beaucoup de pertes d'emplois comme du temps du Covid-19", estime ce responsable d'une agence de voyage à Cap-Skirring.
En temps normal, "la Casamance recevait au moins 50.000 touristes, mais aujourd'hui nous sommes qu'à 10.000", regrette-il, ajoutant que "la situation est catastrophique".
"Aujourd'hui à Cap Skirring, le tourisme qui fait tourner locale est au point mort. Si les choses ne s'améliorent pas, il y aura plus de dégâts collatéraux", craint M. Tamba.
Lamine Biayi, secrétaire administratif et porte-parole du village artisanal de Cap Skirring, soutient de son côté que bien avant le report de l'élection présidentielle, le secteur touristique était déjà affecté.
Mais il souligne que "la situation est devenue pire" après cette décision. "Les touristes qui avaient réservé ont annulé leur voyage", renseigne M. Biayi. A cause de ce contexte, "les activités touristiques sont au ralenti. Les affaires ne marchent pas", dit-il.
Un réel manque à gagner
"Le report de l'élection présidentielle a eu un impact très négatif sur le secteur touristique", renchérit de son côté Mbaye Sakho, responsable d'un hôtel à Cap Skirring. "Hier (mardi), nous avions reçu sept clients. Aujourd'hui, l'hôtel est presque vide. Tout cela à cause de la situation politique au Sénégal", déplore-t-il.
Depuis deux semaines, "nous tournons carrément au ralenti. Notre hôtel, qui a la capacité d'héberger 200 clients, n'en a reçu aujourd'hui (mercredi) que 14, note M. Sakho.
"Nous n'avons plus assez de clients. Tout cela est dû à la situation sociopolitique actuelle. Les touristes sont retournés chez eux. Ils ont peur. Les affaires ne marchent pas comme avant. Les activités sont en berne", fait observer Mamadou Lamine Barry, gérant d'un restaurant à Cap Skirring.
"En temps normal, on pouvait gagnait au moins 40.000 francs CFA par jour", se souvient-il nostalgique.
"Actuellement, nous ne parvenons même pas à avoir 10.000 francs de bénéfices. C'est vraiment difficile. Le report de l'élection présidentielle est passé par là", se désole M. Barry, déplorant un réel manque à gagner.