Il est en train de finaliser son opus « Vaizaka latsaka », littéralement la perdition. Moustafa Cascarino Jaomalaza alias Rebely Makoalahy veut à présent passer à la vitesse supérieure. Connu dans son périmètre, en l'occurrence sur l'île aux Parfums, ce rappeur de 28 ans désire élargir son audience. Jusqu'ici, la jaquette est composée de huit titres, mais, il pourra faire des surprises aux auditeurs en collaborant avec des grosses pointures. « Peut-être », joue-t-il à la devinette. Oui, monsieur est énigmatique, et surtout imprévisible. Ça se voit dans ses yeux !
En outre, l'album relate la vie quotidienne ainsi que les problèmes qui gangrènent la société malgache. « Nous vivons dans un monde où le sexe est gratuit, où l'amour a un coût... Mieux vaut perdre son smartphone que d'avoir un esprit égaré... Les hommes trompent leurs femmes et les femmes jettent leurs maris dehors. Les jeunes filles ont plus peur d'être enceintes que d'avoir le sida. La livraison de pizzas est plus rapide qu'une ambulance... Les vêtements décident de la valeur d'une personne et l'argent est plus important que les amis et la famille. L'intérêt dépasse les sentiments de loin... Il n'y a plus d'éducation, d'empathie, de loyauté et de fidélité...», a-t-il résumé.
Autrement dit, l'auteur ne tombera jamais dans le phénomène « baby gyal », ce mot magique prononcé par les artistes qui veulent être rapidement des stars scintillant quelques mois, pour chuter comme des météorites disséminées. Le chemin qu'il a emprunté semble périlleux, il est complètement déterminé. Mais s'il reste les bras croisés, qui le fera?
Les musiques dansantes demeurent plus attrayantes que les morceaux qui font réfléchir. On dirait que l'art touche de plus en plus le fond ces deux dernières décennies. Une raison de plus pour ce gars de « Big Nôsy » de tirer la sonnette d'alarme face à une telle situation.
Le réfugié
Le premier contact de ce membre du Label Makoa Ank-Avia date de 2009 dans sa ville natale Nosy-Be, il avait 13 ans à l'époque. « J'ai participé à la compétition musicale organisée par l'opérateur téléphonique Telma », s'en souvient-il. Ainsi, le petit Rebely a été lauréat. En 2011, il retente sa chance lors de la fête de la musique, il occupe la deuxième place. Dès lors, ce Nosy-béen décide de se lancer dans une carrière musicale. Donc, dix ans plus tard, il monte pour la première fois sur une vraie estrade. Le jeune homme participe trois fois au grand Festival Somarôho (2021-2023).
Par ailleurs, Rebely, ce sobriquet lui va bien puisqu'il s'est battu pour avoir sa place. Son enfance fut chaotique. « J'ai connu la violence, la délinquance juvénile. « La vie ne m'a pas fait de cadeau. Mais, je suis aussi écouté », il l'avoue avec regret. Conscient que la brutalité ne mène à rien, il conseille les benjamins à ne pas suivre la mauvaise direction... En somme, l'opus de Makoalahy rend l'éclat perdu en relatant les faits réels, ranime l'espoir des frères plongés dans l'abysse du désespoir. Universitaire, l'auteur essaie d'éveiller également la réflexion de la jeunesse de sa localité, et pourquoi pas celle du pays tout entier. Toujours le poing en l'air, c'est le mot d'ordre. Sûrement, Rebely se rebellera contre l'injustice, et ne lâchera pas le combat !